Donc voilà, on y est, ça fait dix ans, dix ans aujourd’hui que j’ai commencé mon blog, d'abord sur Blogger (premier article, sommaire et vaseux : The great ecstasy of Robert Carmichael) puis rapatrié sur Allociné avant de migrer, contraint et forcé, sur Overblog. Il y en aura eu, des hauts et des bas, des enthousiasmes, des pannes d’inspiration, des impressions de tourner en rond, des redémarrages, des envies et des éclats. Et le plaisir d’écrire avant tout, et le plaisir du cinéma toujours. Et puis plein de découvertes aussi, plein de rencontres, et surtout plein de films vus (et revus), aimés, détestés et critiqués sans pitié (plus de 700 critiques à ce jour).
Donc voilà, on y est. Alors plutôt que m’épancher, me souvenir, ressasser, verser ma petite larme ou partir dans des remerciements sans fin (un gros bisous à tous ceux que j'ai eu la chance de croiser un jour, et une grosse grosse pensée à notre ami Fredastair...), je vais faire sobre en proposant un retour sur dix films magnifiques qui, de 2007 à 2016 (soit un par année), auront su s’imposer comme des œuvres à part et des œuvres à part entière. Et qui, surtout, auront durablement marqué ma vie de cinéphile.
Oslo, 31 août (2012)
Un film en équilibre, désossé et fragile comme tout, qui a la texture délicate d’un voile qui s’est sali, d’un sombre linceul. Joachim Trier et son acteur nous amènent loin, nous soulèvent au gré régulier de scènes magnifiques et d’une émotion qui laisse déchiré, avec un souffle au cœur.
Morse (2009)
Une œuvre poétique, profonde et vénéneuse, chronique d’un amour ambigu (mais totalement sincère) fait de peurs enfantines, d’étreintes glacées et de morsures. Un abysse d’émotions contraires et de mélancolie sublime.
There will be blood (2008)
Paul Thomas Anderson signe une fresque noire et redoutable sur les ravages du libéralisme. Magnifié par les saccades sonores de Jonny Greenwood, There will be blood a surtout pour lui un Daniel Day Lewis grandiose et antipathique, qui semble même au-delà du jeu.
The witch (2016)
The witch est d’abord (et surtout) un film de peur, un film sur la peur. Visuellement splendide, le film de Robert Eggers retrouve l’essence d’une terreur primitive en mettant en scène une famille décimée par les forces du Mal et ses propres faillites morales.
We need to talk about Kevin (2011)
Un conte de fées névrotique en état second, à l’image d’une mère perdue entre réalité noire, souvenirs tourmentés et rêves funèbres. Lynne Ramsay, adaptant le roman de Lionel Shriver, livre là une expérience fascinante qui hante pendant longtemps.
For those in peril (2014)
Entre fable sociale et récits légendaires, l’apprentissage d’un deuil impossible où folie et fantastique se confondent à une réalité qui s’altère. Bouleversant et déchirant, le film se regarde avec une boule dans la gorge jusqu'à son prodigieux final.
Amore (2010)
Envoûté par la grâce de Tilda Swinton et l’élégance d’une mise en scène ultra-moderne, Amore s’harmonise entièrement à la passion des sens de son héroïne qui reconquiert la somptuosité du monde. Le film est une déclaration puissante à l’amour, rare et charnelle.
Trois souvenirs de ma jeunesse (2015)
Ou comment Arnaud Despleschin ose un cinéma très littéraire, droit dans les yeux et quasi décalé, évoquant avec grâce et humour nos amours enfuis, nos rêves d’avant et nos craintes à l’idée de se perdre soi-même.
L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (2007)
Ce renouveau formaliste, spectral et hypnotique, dans la vision de l’Ouest américain surprend par son écriture erratique, son refus des clichés existants et d’un quelconque héroïsme sur des légendes qui ont fait leur temps.
Stoker (2013)
Une œuvre exquise sur la psyché féminine, secrètement maléfique et exsudant son venin à notre insu, longtemps après quand on est au calme. Park Chan-wook transcende un scénario a priori banal par son art du cadrage/décadrage et un romantisme noir brillamment réinventé.