Est-ce qu’on devient plus difficile (plus chiant) avec l’âge, ou plus critique (plus chiant) avec la pratique ? Est-ce pour ces éventuelles raisons que l’on trouve qu’il y a eu, cette année, peu de films parvenant à toucher vraiment et à retourner les tripes ? Aucun 5 étoiles pour ma part, et trop de 3,5, trop de simples "bons" films (La Vénus à la fourrure, L'inconnu du lac, Post tenebras lux, La grande bellezza, Les rencontres d'après minuit, la trilogie Paradis...), ce qui n’est déjà pas si mal admettons-le. Le tout saupoudré d’une flopée de blockbusters tous plus ratés les uns que les autres (Die hard 5, Start Trek, Man of steel, Pacific rim, Gravity…). Et il faudra un Michael Bay "détransformé" pour leur faire la leçon avec son inénarrable No pain no gain qui n'en est même pas un (de blockbuster).
Et même les derniers espoirs en décembre se sont révélés décevants ou relativement honorables (Rêves d’or, A touch of sin, Suzanne). Et même les grands réalisateurs confirmés n'ont pas su emballer : De Palma, Angelopoulos, Almodóvar, Farhadi, Scott, les frères Coen, Scorsese... Et même le Pixar s'est vautré (auquel on préfèrera Les Croods). Le classement 2012 avait été fait presque par défaut, celui-ci le sera par dépit, résumant bien cette année moribonde parsemée d’infimes pépites brillant à peine dans la pénombre des salles de cinéma reconverties désormais en halls de gares, en drive-in à pop-corn et en décharges publiques.
Allez, vive 2014 avec toutes ces belles promesses à venir : Nymphomaniac, Dallas buyers club, Wrong cops, Tom à la ferme, Her, Saint Laurent (celui de Bonello), Under the skin (sans doute le film que j’attends le plus), Maps to the stars, Vice caché, Godzilla, White bird in a blizzard… et Transformers 4 bien sûr. Et puis déjà de très bons films aussi : 12 years a slave (le nouveau McQueen), Only lovers left alive (le nouveau Jarmusch) et surtout For those in peril, une pure merveille à découvrir dès le 12 février.
Au mieux
1 / Stoker, œuvre exquise sur la psyché féminine, secrètement maléfique et exsudant son venin à notre insu, longtemps après quand on est au calme. Park Chan-wook transcende un scénario a priori banal par son art du cadrage / décadrage et un romantisme noir brillamment réinventé. [Lire la critique]
2 / Django unchained, ou comment Tarantino vampirise jusqu’à la moelle le western spaghetti. Le film crépite d’un feu certain, cinéphilique et atypique : on est en terrain tarantinesque archi-connu et en même temps ravivé. C’est drôle, enlevé et interprété avec gourmandise. []
3 / Berberian sound studio, jamais loin de l’expérience sensorielle et/ou du délire mental, est un magnifique hommage au septième art, à ses genres et à ses grands maîtres. Il faut accepter de s’égarer dans ses nombreux méandres esthétiques et scénaristiques pour s’étourdir de la chose. []
4 / Oh boy, fantaisie pétillante sur un type confronté à l’immobilité de sa vie. C’est toujours précis, burlesque, cocasse parfois, le film préférant l’insouciance à l’application, la légèreté de ton aux grands discours et aux grandes intentions. Un petit plaisir qui sait capter l’air du temps avec tendresse. []
5 / Samsara, méditatif et réflexif, sait éblouir nos yeux et inspirer nos consciences, périple vagabond plus grisant et plus surprenant encore s’il se laisse découvrir sur un grand écran. Samsara voyage, flâne, se hasarde et dévoile constamment un ensemble de scènes sublimes. []
1 / Happiness therapy : si ce truc bien pourrave n’avait pas les Weinstein collés au cul comme une merde qui ne veut pas tomber, jamais il n’aurait été ainsi survendu et sur-plébiscité et sur-attendu aux Oscars avec ses huit nominations de la honte. [Lire la critique]
2 / Pacific rim est un ramassis de situations clichetonneuses plombées de dialogues écrits par des sous-traitants tamouls ou roumains. Il manque à del Toro ce qui fait le vrai plus de Bay : une sacrée dose de dérision, du clinquant partout et du foutage de gueule qui tache. []
3 / L’écume des jours est comme un bric-à-brac d’objets et d’idées qui aurait tout enseveli sous ses trois tonnes de bonnes intentions et de tics tocs visuels. Et puis que les acteurs sont fades ! Qu’ils sont penauds ! Qu’ils sont mauvais à déclamer les mots de Vian sans jamais leur donner chair… []
4 / Maniac a tout perdu de l’aspect crapoteux de l’original réalisé par William Lustig en 1980, et on n’est jamais effrayé ni impressionné par l’interprétation de d’Elijah Wood, très loin de la terreur que pouvait inspirer Joe Spinell et son regard de fou furieux. []
5 / Pietà : c’est joué moyen, c’est visuellement laid, c’est rythmé n’importe comment, c’est sinistre et on s’ennuie ferme. On espère un sursaut à un moment, mais pas grand-chose ne vient, et Pietà restera ce film joué moyen, visuellement laid, sinistre et où on s’ennuie ferme. []
6 / Metro Manila
8 / 9 mois ferme
9 / Möbius
10 / Man of steel
C'était mieux avant : 2009, 2010, 2011 et 2012 sur SEUIL CRITIQUE(S).