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Party girl

Tout se mélange souvent, dès fois on ne sait plus. Est-ce du cinéma vérité ? Est-ce un docu-fiction, une thérapie familiale peut-être, ou même un reportage de Strip-tease ? On ne sait pas, et puis après on s’en fout. On s’en fout parce que le destin de cette femme nous touche par à-coups et par ses maladresses. Angélique a soixante ans. C’est une "fille de cabaret", dit pudiquement. Une rabatteuse pour séduire les hommes et les faire boire du champagne, genre cher, un bras la bouteille. I can dance, I can drink in the dark, it’s all a trick. Mais à soixante ans, Angélique est un ange passé, un peu fané. Fatigué des lendemains avec, toujours, le goût de l’alcool dans les dents et les yeux lourds, trop maquillés. Et puis d’autres sont plus belles, d’autres sont plus agiles, et plus jeunes aussi.

Quand Michel, un régulier qui s’est épris d’elle depuis un moment, la demande en mariage, Angélique se dit qu’il est peut-être temps de construire sa vie, déjà bien entamée, sa vie. Et se réconcilier avec sa deuxième fille, Cynthia, placée dans une famille d’accueil quand elle avait six ans. Son mariage avec Michel sera l’occasion de réunir autour d’elle ses enfants qu’elle aime par-dessus tout. Entre la France et l’Allemagne, entre désir de renouveau et nostalgie de l’ancien monde (celui de la nuit), entre Michel et ses copines, entre Michel et les hommes, entre ses doutes et ses envies, Angélique hésite, se cogne, veut danser encore. Une princesse.

Elle est comme ça, toujours comme ça, Angélique, dans une espèce d’entre-deux. À ne pas savoir, à refuser les contraintes, à fumer beaucoup. Libre, belle, chiante et audacieuse. Party girl s’inspire du vrai parcours d’Angélique, la mère de Samuel Theis, l’un des réalisateurs du film (avec Marie Amachoukeli et Claire Burger). C’est leur famille, leur vraie famille, qui est mise en scène. Instants volés, des bribes. Leur vrai quotidien, leur vrai milieu social, prolétaire, un peu la dèche, un peu beauf, que les réalisateurs ne jugent jamais, mais observent simplement, sans l’adoucir, sans l’idéaliser. Un milieu comme un autre pour une histoire (presque) comme une autre.

Filmé avec beaucoup de tendresse et de chaleur, de mouvements et de rapprochements, Party girl aguiche, fait du plat, mais convainc à moitié, par petits bouts. Angélique a beau avoir une incroyable aura de cinéma, une gueule en plus d’un regard bleu revolver, elle joue quand même mal, elle joue très mal, et gâche la plupart des scènes émotionnellement fortes, et puis quelques autres aussi. Pas dans le ton, la Angélique, pas à l’aise, approximative, à côté, pas dans le rythme. Pourtant on l’aime ce personnage à la marge, mais il faudrait qu’il ne parle pas, qu’il soit juste là, à irradier l’écran. Un (auto)portrait de femme "sauvage" réussi (et qui exalte la voix chaude et féline de Chinawoman), mais qui n’arrache rien sinon de timides élans, de rapides bravos.

Party girl
Tag(s) : #Films, #Cannes 2014

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