Ça y est, c’est officiel. C’est officieux, c’est confirmé, c’est véridique : on sait où est passé Dexter Morgan ! Il porte désormais une affreuse moustache et une terrifiante coupe mulet, est retourné vivre en 1989 dans l’est du Texas avec son quota de ploucs au mètre carré et se fait appeler Richard Dane. Il est encadreur (?), à une femme tête à claques et un fils tête à claques qui s’appelle Jordan (??), utilise des téléphones avec des fils interminables et de gros magnétoscopes moches, et tue par accident un petit vaurien venu une nuit cambrioler sa baraque pourrie. Merci donc à Jim Nickle d’avoir révéler enfin la piètre vérité.
Quant à Michael C. Hall, débarrassé de ce personnage encombrant qui ne savait plus vraiment se renouveler dans la découpe de salopards, il tourne dans de petits films à l’intrigue sans intérêt comme celui-ci, entouré de vieilles stars burinées sur le retour (Sam Shepard, Don Johnson) et qui ressemble à un revival mal fichu de thrillers des années 80/90 (Hitcher, Obsession fatale, Les nuits avec mon ennemi…) avec des rebondissements rachitiques sur fond de synthés poussifs. Parce que bon, c’était quand même sympa les années 80, les brushings, les walkmans, Bernard Tapie qui chantait et tout ça, mais là ça nous fait prendre conscience soudain qu’on avait peut-être l’air réellement ridicule avec nos épaulettes.
Le scénario se la joue gros malin en croyant nécessaire de virer de bord toutes les dix minutes (d’abord drame familial, puis suspens domestique, puis imbroglio policier, puis vengeance froide, etc.) alors que la manœuvre, criarde, le rend davantage bancal et laborieux, le tout plombé d’une psychologie pour organismes invertébrés et d’une tension à la ramasse, même lors du gunfight final lorgnant du côté de Peckinpah et Tarantino avec violence sèche et giclées de sang esthétiques. Franchement, plutôt que de se taper trois brêles rancunières pourchassant du bad guy qui font du snuff sur de vieilles VHS, autant prier pour la paix dans le monde.