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Belgica

Tout de suite tu le sens que ça sent, que ça sent la bière, la sueur et la clope, et puis l’ambiance est bon enfant, elle est même électrique, ça vocifère, ça vocalise, ça s’esclaffe, c’est un endroit qui bouillonne et où tu as envie de rester, où tu aimes revenir, un endroit "de perdition" qui met ta vie entre parenthèses, hors condition sociale, hors physique, hors tout. Bienvenue au Belgica café, où tu as envie de rester. Sur scène ou derrière les platines, les artistes et les groupes se succèdent, offrant un incroyable melting-pot musical qui dépote. Sur la piste ou au bar, les gens sont là qui s’amusent et qui dansent et qui s’aiment et qui boivent et qui vivent.

Bienvenue au Belgica café, où tu aimes revenir. Du petit bar de nuit à la salle en folie à la discothèque qui aurait vendu son âme au fric, Felix Van Groenigen raconte l’évolution, l’ascension et la chute du Belgica via les retrouvailles de deux frères, Jo et Frank, l’un tout jeunot et prêt à construire sa vie, à s’engager pourquoi pas, l’autre plus âgé, marié, un marmot et un autre qui va pas tarder, et qui s’ennuie et qui voudrait autre chose, plus toute une galerie de personnages qui traînent autour, à vif, sans chichis et sans pudeur. Ce plein d’énergie positive suffisait et le film aurait pu s’arrêter là, ne montrer que ça, montrer deux frères qui s’adorent et leur bar de ouf, montrer la liberté, les petits bonheurs, la musique tout azimut (superbes compositions du groupe Soulwax)… Une espèce de Soul kitchen flamand, ça le faisait grave.

Pourquoi alors, nécessairement, évoquer un retour de bâton dans la gueule et dans une sorte d’inéluctable déchéance sexe and coke and rock ‘n’ roll un poil déjà vue, scorsesienne staïle, et qui bousille l’incroyable frénésie du début (et la fratrie aussi, accessoirement) ? Comme si Van Groenigen ne pouvait plus s’arrêter, voulait trop en dire, trop en faire, trop frimer, trop enfoncer le clou, et trop moraliser même… Son scénario s’essouffle, s’étire à perdre haleine, paraît ne pas vouloir se finir, heureux de s’ébattre dans tous les sens en en mettant partout. Dire les lendemains de fête qui déchantent, certes, mais en cherchant à les dynamiter, à ne pas les sur-dramatiser aussi longtemps… Avec trente minutes de moins, c’était pourtant gagné.
 

Felix Van Groeningen sur SEUIL CRITIQUE(S) : My beautiful boy.

Belgica
Tag(s) : #Films

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