Avec son air de ne pas y toucher, limite angélique, ses cheveux blonds, ses yeux bleus et sa silhouette gracile, John a tout de l’adolescent qui ferait craquer n’importe quelle midinette du lycée. Sauf que John traîne avec lui un lourd secret, une sale histoire. Un meurtre pour lequel il a passé deux ans en centre de rétention pour mineurs. De retour dans sa ville natale auprès de son père et de son jeune frère, il tente de se réinsérer dans une vie normale partagée entre cours au lycée et travail à la ferme. Mais personne n’a oublié ni totalement pardonné son crime, et sa réapparition exacerbe les jugements et les comportements (et les siens aussi).
Jusqu’à une explosion de rage que personne ne cherchera à réellement condamner, trop sonné par les événements, abasourdi encore par le drame initial. Comme une perte de conscience, sinon celle du rejet et de l’opprobre. La rédemption attendra. Quitte à geindre et à rabâcher, il faudrait expliquer aux jeunes metteurs en scène qui débutent que singer Michael Haneke n’est pas toujours opportun ni vraiment profitable. La preuve, ici. Le dispositif purement hanekien mis en place par Magnus von Horn se révèle très vite pesant, le simulacre même d’une mécanique désormais ultra balisée : pas de musique, pas de psychologie ou de sensationnalisme, hors-champ signifiant, plans fixes, lumière glacée, interprétation minimale, rigueur et monotonie à tous les étages… Ou comment bousiller l’émotion et la force que devait, logiquement, susciter un tel sujet.
À trop convoiter l’épure, une distanciation à tout prix, von Horn finit par saborder son film. Si on y ajoute pas mal de digressions scénaristiques (la vie à la ferme, le grand-père malade…) qui épaississent un peu plus l’ensemble, Le lendemain procure un ennui qu’on qualifiera, pudiquement, de diffus. En questionnant davantage les diverses réactions (celles de la mère de la victime, des élèves, de la copine, du frère, des profs…) face au retour de John plutôt que de s’appesantir sur l’acte en lui-même (qui restera un point aveugle du scénario, comme un fait inexplicable), von Horn confronte les limites d’une société au pardon et à la non-violence, tout en échouant à incarner ce constat à force de rigidité formelle.