Il s’appelle Icare, mais préfère qu’on dise Courgette, c’est comme ça. Il a un joli cerf-volant avec son papa dessiné dessus qui est parti depuis longtemps (avec sa "poule"), et une canette de bière comme unique souvenir de sa maman qu’il a tué sans le faire exprès. Le voilà conduit dans un foyer où il va faire la rencontre d’autres enfants, abandonnés comme lui, et devenir super copain avec eux. Et rencontrer Camille surtout, dont il va tomber amoureux. Histoire classique d’une enfance malmenée par la rudesse de la vie (d’Oliver Twist à Coraline en passant par Le tombeau des lucioles) que Claude Barras et Céline Sciamma (au scénario, d’après l’œuvre de Gilles Paris) ravivent avec douceur et sans mièvrerie.
Donc Ma vie de courgette est comme ça, tout en douceur. Avec ses marionnettes colorées et incroyablement attachantes (grâce à de gros yeux d’une tendresse, d’une expressivité infinies), Barras parvient à (re)créer un univers à l’esthétique épurée et biscornue où s’animent, comme par magie, des gamins en pâte à modeler à qui pas grand-chose n’a été épargné (mort, drogue, prison, alcool, inceste…). C’est face à cette terrible adversité que Courgette et ses amis apprennent, chaque jour, à revivre peu à peu sans parents ni violence. Entre espoir et camaraderie, rires et bataille de boules de neige, les sept compères en culottes courtes se réinventent une nouvelle famille, apprennent à être ensemble pour mieux se reconstruire et mieux surmonter les épreuves.
La seule broutille pour laquelle on pourra redire, c’est la durée du film : trop court. Trop court parce qu’on aurait aimé que le film s’attarde davantage sur les joyeuses tribulations de la petite bande, irrésistible, avec leurs quatre cents coups, leurs rêves et leurs questions rigolotes (sur l’amour, sur les bébés…), plutôt par exemple que de perdre du temps avec ce truc de garde et de méchante tante qui n’a pas vraiment d’intérêt par rapport à la thématique essentielle du film. Et puis à la fin on se dit que c’est pas grave quand résonne la voix chaude de Sophie Hunger qui murmure Le vent nous portera. Des tapis volants, des poussières de toi, des poussières de eux, de Courgette, de Camille et de tous les autres, ces autres enfants qu’on a oublié, dans la vraie vie.