Tout commence à Berlin quand Oren, homme marié israélien y venant régulièrement pour affaires, rencontre Thomas, jeune pâtissier prodige. Leur liaison, malgré les va-et-vient d’Oren, l’amour de son fils et la certitude de son mariage, se construit sur un fort sentiment d’amour et de plénitude. Quand Oren meurt dans un accident de voiture, Thomas, cherchant à comprendre les circonstances de sa mort, se rend à Jérusalem et, sans révéler qui il est, va progressivement s’immiscer dans l’existence d’Anat et d’Itay, la femme et le fils d’Oren, comme pour faire, dans la discrétion de leur chagrin, le deuil intime de son amant.
Sur les traces d’Eytan Fox et de Tu n'aimeras point (l’acteur Zohar Strauss servant de lien éventuel entre les deux films), Ofir Raul Graizer réalise un premier film paisible et feutré. Certes, ni le scénario ni la mise en scène ne brillent par leur originalité, mais The cakemaker, imperceptiblement, finit par imposer une élégance qui nous saisit, une ingénuité qui nous charme. C’est que Graizer rejette toute esbroufe et tout sentimentalisme, s’appliquant à ne jamais appuyer, ne pas alourdir les sujets qu’il aborde (désir, homosexualité, poids de la religion…) et parvenant même, dans les vingt dernières minutes, à livrer deux ou trois scènes réellement émouvantes.
The cakemaker est à l’image exacte de son héros : tout en retenue, tout en douceur et peu bavard. Le film trouve davantage son inspiration dans les regards, dans les silences et dans les gestes, et c’est d’ailleurs tout autant sa force (un refus de sensiblerie, jusque dans sa conclusion) que son principal défaut (un côté un peu scolaire, très propre sur lui). Tim Kalkhof, avec son physique poupin et son air taiseux, se coule à merveille dans la peau de Thomas découvrant à la fois la vie d’Oren, du moins ce qu’elle est devenue depuis sa disparition, et une Jérusalem tiraillée entre traditions et modernité. Et là, dans Jérusalem, avec Anat et Itay dont il est devenu proche, Thomas retrouve cette sensation d’être un peu (encore) avec Oren à travers son souvenir et son inaltérable présence.