Un lieu clos + un téléphone + une seule personne + une situation anxiogène, ça donne quoi ? Ça a donné par exemple The call (pas vu), Phone game (pas terrible) ou Buried (pas mal), et aujourd’hui ce Guilty honorable mais faut pas pousser quand même. Le problème avec ce genre de films-gadgets, c’est qu’ils dépassent rarement le stade de la petite expérience jouissive sur l’instant, mais qu’on a en partie oubliée cinq minutes après. Tourné en temps réel et en un lieu unique, The guilty prend comme point de départ l’appel à un policier, Asger, d’une femme qui vient apparemment d’être enlevée. Et pour tenter de la retrouver et de la sauver, Asger ne pourra compter que sur son intuition, son expérience et son téléphone.
Privilégiant la suggestion, le hors-champ et la seule imagination du spectateur (puisque le film se déroule dans les bureaux du centre d’appel sans, ne serait-ce qu’une seconde, en sortir le bout du nez), The guilty mise toute son habileté et son intérêt sur une bande-son extrêmement travaillée (bruits, voix, souffles, silences…), le film étant davantage à écouter qu’à simplement regarder (on pense, de fait, à la série Calls de Canal+, constituée uniquement de conversations et d’enregistrements sonores sur fond d’écran noir). Gustav Möller a l’intelligence, du moins le bon sens, d’aller à l’essentiel (le film dure à peine une heure et demi), d’imposer un minimalisme formel duquel il ne déviera pas et de ne jamais surcharger son intrigue (mais n’oubliant pas un twist scénaristique plutôt habile en fin de parcours, histoire de ménager surprise et tension).
Le film repose en entier sur Jakob Cedergen (découvert en France dans le magnifique Submarino) de quasi tous les plans, les larges, les rapprochés comme les très rapprochés, et qui s’en sort à merveille dans ce rôle de flic tiraillé entre empathie, professionnalisme et éclats de violence. Car outre le suspens construit autour d’Isben, cette femme terrorisée qui demande de l’aide, The guilty dissèque les failles et la personnalité trouble d’Asger, en attente d’un jugement dont nous découvrirons, au fur et à mesure, les raisons et les enjeux. Un exercice de style certes au-dessus de la mêlée, accrocheur, bien fait et bien interprété, mais qui reste totalement anecdotique.