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Diamantino

Si un jour des scientifiques, inconscients et fous, décidaient de fusionner ensemble Cristiano Ronaldo et Neymar da Silva Santos Júnior, le résultat ressemblerait certainement à Diamantino, joueur de foot vénéré tel un Dieu dont on scande le nom dans les stades, une âme d’enfant encore et un quotient intellectuel limité. Héros malgré lui du film barré de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt (mais où sont-ils allés chercher cette idée de chiots géants à poil long évoluant dans un océan de mousse rose pour évoquer le jeu et le dribble de Diamantino ?), ce Diamantino-là va vivre des aventures pleines de bizarreries et de dangers qui, surtout, le conduiront à découvrir l’amour (et le sexe qui va avec).

Fourre-tout et inclassable, Diamantino parle de tant de choses à la fois (voire un peu trop) que l’on se demande comment Abrantes et Schmidt ont fait pour réussir une œuvre si foisonnante, inventive dans son scénario comme dans sa forme. Satire politique, thriller complotiste, histoire d’amour, drame familial, étude de mœurs, crise des migrants, délire footballistique et théorie du genre, à peu près tout y passe. Le film paraît se construire à la manière d’un puzzle ou d’une charade pour former à la fin une espèce de conte pop et kitsch (les deux sœurs harpies, sorties tout droit de chez Perrault) qui, dans son exubérance, n’oublie jamais de porter un regard critique sur notre monde.

Un monde en roue libre, perdu dans ses excès et ses contradictions. Un monde où, face à ces cultes en pagaille (populaires, religieux, de personnalité…), ces carcans et ces montées des extrêmes, Abrantes et Schmidt érigent les sentiments (et une certaine forme d’innocence) comme un rempart à celui-ci. Et nous offrent, au passage, l’un des plus beaux moments queer de cette année où une star du foot, modèle hétérosexuel par excellence, vierge et à qui il a poussé des seins de femme, embrasse et caresse au clair de lune une journaliste lesbienne se faisant passer pour un jeune réfugié du Mozambique. Almodóvar peut aller se rhabiller.

Diamantino
Tag(s) : #Films, #Cannes 2018

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