C’est un peu tout pareil qu’Annihilation, finalement. C’est produit par Netflix, c’est tiré d’un roman d’anticipation (ici de Josh Malerman), ça raconte la presque fin du monde, c’est plein de flashbacks et c’est une grande actrice américaine qui tient le haut de l’affiche (Natalie Portman vs Sandra Bullock). Et c’est un peu tout pareil que Sans un bruit aussi. Il y a des créatures surnaturelles débarquées sur Terre par on ne sait quel stratagème, il y a l’humanité réduite à néant, il y a deux enfants à protéger et l’un des cinq sens sert d’axe scénaristique principal (l’ouïe vs la vue). Sauf que c’est carrément moins bien qu’Annihilation, mais c’est un poil mieux que Sans un bruit.
Des entités invisibles provoquent donc chez l’homme un état proche de la folie qui mène au suicide ; le monde se fout joyeusement en l’air après avoir croisé du regard quelque chose qui le pousse à en finir une bonne fois pour toute. De fait, les rescapés n’ont d’autre choix que de se barricader à l’intérieur des maisons et de porter des bandeaux sur les yeux dès qu’il s’agit d’aller à l’extérieur (surtout pour trouver à manger). Une grande partie du film, scindé en deux temporalités (passé et présent) et en deux actions autour du personnage de Malorie (la survie dans la maison et la recherche d'un hypothétique refuge), se révèle être un huis clos psychologique qui, sans être passionnant ni franchement original, mise d’abord sur les tensions et l’enfermement avant d’essayer à tout prix de nous faire peur ou de nous impressionner.
L’autre partie est une sorte de survival "nature et découvertes" où Malorie et ses enfants tentent de rejoindre le refuge en descendant une rivière pendant plusieurs jours. Ces deux parties s’imbriquent et se succèdent paresseusement (ce qui étonne de la part d’Eric Heisserer, scénariste de Premier contact où il avait su jouer magnifiquement avec différentes strates du temps), insufflant au film un rythme certes soutenu, mais ne cherchant jamais à dépasser une double linéarité tout ce qu'il y a d'ordinaire. Et au moins jusqu’à son dernier quart d’heure, Bird box pouvait prétendre au statut de série B classieuse (en étant large), de production Netflix plus qu’honorable (en étant gentil), mais ce dernier quart d’heure vient, avec sa fuite dans la forêt ridicule et son final gnangnan, saper le maigre capital sympathie que l’on pouvait éventuellement lui accorder.