Nic le dit, il a en lui un trou noir à combler. Il a en lui un sentiment qu’il ne comprend pas et qui le pousse à vouloir échapper à la réalité… Pourtant tout lui sourit, une vie confortable, de brillantes études à l’université, des parents aimants mais qui ont divorcé alors qu’il était très jeune… Très jeune aussi, Nic a commencé à prendre de la drogue avant de devenir accro à la méthamphétamine. Et face à ça, David son père ne peut rien, se remet en cause, cherche à comprendre (il ira jusqu’à essayer un peu de coke pour en éprouver les effets), cherche à connaître, à appréhender la nature du mal qui ronge ainsi son fils, le place en centre de désintoxication, y croit, n’y croit plus, y croit encore pour ne plus y croire du tout…
Inspiré des livres autobiographiques de David et Nic Sheff, My bautiful boy avait tout pour décourager d’avance : sujet grave et sociétal (la drogue, c’est moche), fortes poussées lacrymales et performance d’acteurs du genre une récompense sinon rien. Felix Van Groeningen, pour son premier film outre-Atlantique, choisit donc le mélodrame familial tendance lourde déjà abordé dans Alabama Monroe (un couple, l’amour, une petite fille, le cancer, beaucoup de sanglots). Et si My beautiful boy se complaît un peu trop souvent dans ces travers-là (les cinq dernières minutes en particulier), il sait offrir également d’autres instants plus simples qui n’abusent ni d’une bande-son appuyée ni d’images chichiteuses avec jolis rayons de soleil en plein l’objectif ou ambiance pub pour foyer idéal.
Il suffit par exemple d’une discussion anodine, puis plus personnelle, dans un café entre un fils sous emprise qui réclame un peu d’argent et un père désemparé, filmée en champ-contrechamp et sans musique, pour nous désarmer, nous toucher en plein cœur tant les mots et les émotions en jeu sont d’une puissance qui n’a besoin d’aucun artifice. Et puis il faut reconnaître que Steve Carell et Timothée Chalamet sont d’une justesse et d’une humanité rares (dommage en revanche pour la toujours épatante Maura Tierney qui, elle, hérite d’un personnage ingrat et peu développé). C’est grâce à eux que le film pourra éventuellement plaire et que l’on décidera ou non de faire l’impasse sur ses défauts ; à eux, et seulement grâce à eux.
Felix Van Groeningen sur SEUIL CRITIQUE(S) : Belgica.