Que retenir de cette décennie 2009/2019 ? Quels films, quelles images, quels bouleversements ? Des vélos roulant à l'aube dans les vapeurs d'un extincteur. Tilda Swinton s'échappant vers l'amour au son des accords symphoniques de John Adams. Un baiser d'adieu sur le quai d'une gare. Des retrouvailles dans un diner avec un jukebox diffusant Hello stranger de Barbara Lewis. Une jeune fille rencontrant le diable qui lui propose de jolies robes, de découvrir le monde et de connaître le goût du beurre... Et puis aussi Mads Mikkelsen en guerrier fou, la découverte en France d'Anya Taylor-Joy, de George MacKay et d'Anders Danielsen Lie, Scarlett Johansson en extraterrestre engloutissant ses amants... Et pleins d'autres choses encore, riches et belles, qui font toujours autant aimer le cinéma...
1 / Oslo, 31 août, film en équilibre et fragile comme tout, qui a la texture délicate d’un voile qui s’est sali, d’un sombre linceul. Joachim Trier et son acteur nous amènent loin, nous soulèvent au gré régulier de scènes magnifiques et d’une émotion qui laisse exténué, avec un souffle au cœur. [Lire la critique]
2 / Amore, envoûté par la grâce de Tilda Swinton et l’élégance d’une mise en scène ultra-moderne, s’harmonise entièrement à la passion des sens de son héroïne qui reconquiert la somptuosité du monde. Le film est une déclaration puissante à l’amour, rare et charnelle. [Lire la critique]
2 / Week-end nous emporte par le flot incessant de ses dialogues (subtils, drôles et savoureux), par la mélodie de ses rires, de ses murmures et de ses coups de gueule. Le film doit aussi beaucoup (énormément) à ses deux interprètes, confondants de naturel et d’ingénuité. [Lire la critique]
4 / Moonlight, s’il se base sur l’homosexualité de son personnage principal, est d’abord un film sur la construction de soi par le déni et la colère, et ce jusqu’à la rupture. Intense et bouleversant, Moonlight frémit d’une sensibilité à fleur de peau portée par trois comédiens remarquables. [Lire la critique]
5 / The witch est d’abord (et surtout) un film de peur, un film sur la peur. Visuellement splendide, le film de Robert Eggers retrouve l’essence d’une terreur primitive en mettant en scène une famille décimée par les forces du Mal et ses propres faillites morales. [Lire la critique]
6 / Le guerrier silencieux / Valhalla rising est une œuvre contemplative jusque dans sa sauvagerie et ses soubresauts. Le film n’a pas réellement d’intrigue, sinon des cris et des râles pour transcender le basculement de l’Homme vers la folie, vers la limite du profane et du sacré. Complètement impressionnant. [Lire la critique]
7 / Trois souvenirs de ma jeunesse, ou comment Arnaud Despleschin ose un cinéma très littéraire, droit dans les yeux et quasi décalé, évoquant avec grâce et humour nos amours enfuis, nos rêves d’avant et nos craintes à l’idée de se perdre soi-même. [Lire la critique]
8 / Two gates of sleep, premier film magnifique d’un jeune metteur en scène inconnu et plein de promesses. Cette errance du deuil, épopée quasi-méditative et bouleversante de deux frères conduisant le corps de leur mère au-delà du Styx, se coule en nous jusqu’à des points d’émotion indescriptible. [Lire la critique]
9 / For those in peril raconte, entre fable sociale et récit légendaire, l’apprentissage d’un deuil impossible où folie et fantastique se confondent à une réalité qui s’altère. Bouleversant, déchirant, le film se regarde avec une boule dans la gorge. []
10 / Under the skin, grande œuvre sur nos solitudes terriennes proche de l’expérience totale. C’est une science-fiction organique, sensorielle et crédible qui parle d’abord de nous avec peu de dialogues, mais à l’instinct, bruissant d’émanations intimes. [Lire la critique]