D’abord un constat, une réalité que l’on sait maintenant : le gouffre financier, le désastre urbain et écologique qu’ont représenté l’organisation des Jeux olympiques dans pas mal d'États. En particulier la Grèce, en 2004, dont on sait qu’elle contribua à exacerber la crise économique et sociale qui, quelques années plus tard, allait ravager le pays. Cette réalité-là ne constitue pas le sujet principal de Park, mais Sofia Exarchou a investi les complexes sportifs à l'abandon du village olympique d'Athènes pour en faire les lieux d’action (située dix ans après les Jeux olympiques) de son premier long métrage, et en en faisant un personnage quasiment à part entière.
Car ce qui intéresse surtout Exarchou, c’est cette jeunesse désœuvrée, livrée à elle-même et errant dans ces grandes infrastructures délabrées, promises jadis à la reconversion et à la prospérité. Une jeunesse sans avenir, sans boulot (en 2014 déjà et comme aujourd’hui), et qui rêve de partir, qui rêve de pas grand-chose parmi les terrains vagues et les stades défraichis. Comment trouver sa place, comment envisager demain quand, tout autour, absolument rien n’y prédispose ? Même les adultes n’apportent aucune aide, un soutien, du réconfort, et semblent refléter ce que seront Dimitris, Anna, Markos et les autres : mère à la masse, ouvriers pauvres, chômeurs durables, vacanciers noyés d’alcool dans des hôtels livides.
Si le background social du film est intéressant, et aussi l’appropriation inédite des décors dévastés du village olympique, Park ne propose rien d’autre d’original et se résume vite à un copié-collé d’un film de Larry Clark : ados qui zonent, scènes de sexe crues, ados qui zonent, torses imberbes, ados qui zonent, gueules d’anges acnéiques. C’est Kids et Ken Park version tzaziki, le malaise en moins. Il y a bien une énergie dans la mise en scène, et cette caméra au plus près des corps et des visages, et cette fougue des actrices et des acteurs (presque tous non professionnels), mais, avouons-le, Park se regarde avec autant de curiosité que d’ennui diffus.