Je le sais, tu le sais, nous le savons : toujours se méfier de la hype. Toujours se soustraire à la tentation du buzz. Comme par exemple celle de ce Vast of night, premier film d’Andrew Patterson surgit de nulle part et adoubé illico par Steven Soderbergh. Le film a fait son petit effet au dernier festival de Sundance avant de connaître un peu partout une quasi unanimité critique qui, il faut l’avouer, laisse plus que perplexe. Sorte de revival fifties (et en temps réel) d’un épisode de La quatrième dimension inspiré par les mystères de la zone 51 et de l’affaire Roswell, The vast of night propose un vague suspens nocturne autour d’une possible apparition (ou serait-ce une invasion ?) extraterrestre.
Fay, la pimpante standardiste, et Everett, l’arrogant animateur de radio locale, sont les premiers à se rendre compte que quelque chose ne va pas. En cette paisible soirée où toute la ville de Cayuga, Nouveau Mexique, 497 habitants, se prépare à assister au match de basket de l’équipe du lycée, eux seuls ont entendu ce bruit étrange propagé sur les ondes. Nous sommes au début de la Guerre froide et à la fin de la Guerre mondiale, alors ce bruit pourrait-il provenir des Russes, prêts à une éventuelle attaque ? Ou peut-être d’autre chose ? Il paraît d’ailleurs qu’il y a des "lumières" dans le ciel… Patterson distille patiemment (longuement) indices et présages tout au long d’une intrigue qui semble vouloir uniquement rendre hommage à quelques classiques et autres réalisations du genre (Rencontre du troisième type, Contact, The arrival, Signes…) plutôt qu’à tenter de le renouveler, ou d’en proposer au moins une relecture intéressante.
Bavard (les vingt premières minutes, interminables, le monologue de la vieille dame, soporifique), vain et ennuyeux, accompagné d’une musique artificiellement en décalage avec le ton du film, The vast of night brille surtout par son esbroufe formelle flirtant trop souvent avec la démonstration technique (et gratuite : voir ce long plan séquence inutile allant d’un bout à l’autre de la ville). Comme si Patterson signait là une sorte de C.V. cinématographique ("Hey, regardez ce que je sais faire avec une caméra") prompt à lui assurer lauriers, reconnaissance et projets. En soi, on est toujours preneur de mise en scène intelligemment virtuose, mais quand ça se voit trop, quand on sent derrière l’épate et la prétention, c’est non. Et si en plus le scénario ne suit pas, et si même le final laisse indifférent à ce qui se trame et, pire, au sort des personnages, alors l’échec est aussi vaste que cette nuit dont il y a peu à se souvenir.