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The empty man

Projet proprement chaotique, projet maudit, mal vendu, critiqué, sacrifié, racheté puis balancé en VOD à la va-vite par Disney qui, visiblement, n’a pas su par quel bout prendre ce film plus qu’atypique (mais au devenir possiblement culte), The empty man de David Prior a effectivement, au premier abord, tout pour dérouter le spectateur. Un scénario qui, et même inspiré de la série de romans graphiques de Cullen Bunn et Vanessa R. Del Rey, ne semble être qu’un succédané de Candyman, It follows, Midsommar, Ring, Slender man, La prophétie des ombres et consorts ; des acteurs de second plan qui, pourtant, vont se révéler remarquables (en particulier James Badge Dale) ; un rythme qui prend son temps et s’étend sur 2h15 (quasiment un sacrilège de nos jours, en tout cas pour certains gros studios) ; un film qui refuse la facilité jusqu’à son final déconcertant apportant davantage de questions que de réponses.

The empty man, c’est l’histoire d’un démon ancestral "réveillé" par de malheureux touristes américains au fin fond d’une grotte au Bhoutan, puis "actif" de nouveau, des années plus tard, dans le Missouri où un ancien policier enquête sur la disparition de la fille d’une amie. Disparition qui, bien sûr, va l’amener sur les traces de ce démon et de ses adorateurs. L’intrigue, noueuse à souhait, devient de plus en plus obscure au fil d’une succession d’événements dont on cherche à comprendre l’emboîtement et à appréhender le sens (le film mériterait d’être vu une deuxième fois pour en saisir toutes les subtilités). C’est là d’ailleurs que réside le défaut principal du film : cette impression que le récit part dans absolument toutes les directions pour déboucher sur une conclusion en demi-teinte, sans doute parce que plus ou moins attendue.

Possession démoniaque, légende urbaine, croque-mitaine pour ados libidineux, secte nihiliste, cabale mystérieuse, réalité altérée, et même créature lovecraftienne en bonus, The empty man, trop gourmand, paraît vouloir compiler à lui tout seul la plupart des grandes thématiques horrifiques existantes, quitte à s’enliser dans une sorte de mashup tarabiscoté. Et la promesse d’une grande œuvre de terreur amorcée dès la superbe, et flippante, introduction (un court-métrage presque indépendant au reste du film) est trop vite rompue par Prior qui ne parviendra pas toujours (rarement, diront les mauvaises langues) à en retrouver l’exacte intensité, et surtout la radicalité.

Ce qui n’empêche pas The empty man de se situer bien au-dessus du tout-venant des films d’horreur actuels parce qu’anti-spectaculaire au possible, mais n’oubliant pas de livrer quelques scènes impressionnantes (les pendus sous le pont, le meurtre dans le hammam, la cérémonie en pleine forêt…). Parce qu’ambitieux et généreux, et d’une singularité affirmée qui fait du bien. Parce que doté d’une ambiance sonore angoissante concoctée par Brian Williams et le grand Christopher Young. Parce que flirtant avec le trip existentiel (références en embuscade à Nietzsche et à Derrida) qui reprendrait à son compte l’idée de transmission, de passage entre l’esprit et le corps, entre le Bien et le Mal, de destin écrit (programmé plutôt) d’avance, et donc inéluctable. Et parce qu’évidemment, simplement, Prior n’oublie pas l’essentiel : faire peur.

The empty man
Tag(s) : #Films

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