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The father

C’est en 2012 que Florian Zeller créé la pièce de théâtre Le père. C’est un triomphe critique et public couronné par trois Molières puis joué ensuite, consécration ultime, dans le monde entier (Angleterre, États-Unis, Brésil…). En 2015, une première adaptation cinématographique voit le jour (Floride, de Philippe Le Guay) avec Sandrine Kiberlain et Jean Rochefort dans ce qui sera son dernier rôle au cinéma. Ce n’est que des années plus tard que Zeller a le souhait, à son tour, d’en faire un film avec en tête, comme un rêve d’idéal, Anthony Hopkins dans le rôle de ce père. Ce père qu’il décide, malicieusement, d’appeler Anthony, ce père atteint de démence sénile et qui voit la (sa) réalité se corrompre inexorablement et sa fille tenter de le soutenir, de le protéger du mieux qu’elle peut, et malgré son besoin à elle de vouloir vivre sa vie sans la charge trop lourde, au quotidien, qu’il représente désormais.

Zeller ici ne cherche pas à raconter la sénilité, et plus particulièrement les conséquences d’une mémoire déclinante, d’un point de vue extérieur et, disons, objectif, mais au contraire à nous faire ressentir ce qu’elle est, ce que cela représente concrètement, pour quelqu’un qui en souffre, chaque jour, chaque heure et même chaque minute. De fait, comme Anthony, le spectateur se perd dans un dédale (à l’image de cet appartement avec tous ces couloirs, toutes ces portes et toutes ces pièces) où présent et passé, visages et situations, se confondent et se contredisent parfois jusqu’à provoquer un sentiment de vertige, de détresse totale, d’une prise avec le réel qui nous échappe.

Huis clos glaçant et émouvant à la fois, élégant aussi, et dont on regrettera seulement le côté un peu trop sage et lisse, The father se (dé)construit lentement en un jeu de pure mise en scène épousant les altérations d’espaces et de temporalités qui affectent Anthony. Évidemment, Hopkins, magnifiquement épaulé par une Olivia Colman enfin échappée de The crown, est la pièce maîtresse du film. Zeller le voulait à tout prix : Hopkins le lui rend bien. Tour à tour fragile, cinglant ou désemparé, l’acteur (s’) offre une interprétation de haut vol (justement récompensée d’un Oscar) lui permettant d’explorer tout un registre expressif dont on ne le croyait, il faut l’avouer au vu de ses derniers films et de ses dernières prestations, plus vraiment capable.


Florian Zeller sur SEUIL CRITIQUE(S) : The son.

The father
Tag(s) : #Films

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