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Le monde après nous

Même si le titre, de l’aveu même de Louda Ben Salah-Cazanas, est un clin d’œil au roman de Nicolas Mathieu Leurs enfants après eux (et jusqu’au Un homme heureux de William Sheller entendu en conclusion renvoyant au Si j’étais un homme de Diane Tell évoqué dans le roman), on pense aussi beaucoup à Un monde sans pitié d’Éric Rochant. Dans son titre bien sûr, mais principalement dans ses thématiques et ses figures : deux amis, une rencontre amoureuse, la dèche, les désillusions et les espoirs. Les trois en tout cas partagent le même récit. Ce récit d’une jeunesse qui doit trouver sa voie dans un monde qui, et qu’importe les époques, se désagrège sans cesse (désindustrialisation, crise économique, ubérisation).

S’inspirant en partie de son vécu, Ben Salah-Cazanas narre les mésaventures de Labidi, écrivain en devenir mais particulièrement fauché cherchant, entre petits boulots et petites magouilles, à concilier rêves littéraires, amours naissantes et vie pas trop merdique, qui se tiendrait un minimum. Jamais plombant et surtout jamais misérabiliste (même quand il filme Labidi et son ami Alekseï vivant en coloc dans une chambre de bonne minuscule), le regard que pose Ben Salah-Cazanas sur Labidi (et, par extension, sur la jeune génération actuelle) se veut à la fois plein d’humour, de douceur et observateur aussi d’un environnement sociétal et existentiel dans lequel on cherche une (sa) place, éventuellement une (sa) légitimité.

Le film se traîne parfois des allures des premiers Klapisch (Chacun cherche son chat) ou Trier (Nouvelle donne), mais traîne d’abord un manque de singularité évident. Ça reste attachant et sympathique comme tout, mais c’est absolument sans surprise dans ce qu’il a dire d’un certain air du temps (précarité, monde du travail, relations amoureuses…). On le défendra quand même, ce premier film. On le défendra parce qu’il sait, de temps en temps, être juste dans son écriture, dans la description vacharde des détails du quotidien, et parce que Ben Salah-Cazanas a su s’entourer d’une bande d’actrices et d’acteurs au poil, en particulier Aurélien Gabrielli, parfait avec son air, en toutes circonstances, un peu lunaire et pince-sans-rire.

Le monde après nous
Tag(s) : #Films

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