Puisque Na Hong-jin, le prodige sud-coréen, n’a plus rien fait depuis The strangers en 2016, et qu’on attend toujours son hypothétique film sur Woo Bum-kon, auteur d’une tuerie de masse en avril 1982 qui fera plus de cinquante morts et une trentaine de blessés, on en est là, à devoir se contenter d’un film qu’il a "seulement" coécrit et coproduit (et qu’a réalisé Banjong Pisanthanakun). The medium s’inscrit d’ailleurs, indirectement, dans la lignée de The strangers avec ce qu’il faut d’héritage chamanique, de démons ancestraux et de possession. Petite originalité ici : le film est tourné comme un faux documentaire sur le quotidien d’une chamane dans un village du nord-est de la Thaïlande.
Avant bien sûr que d’étranges et inquiétants phénomènes (sa nièce paraît possédée par un esprit malfaisant) ne viennent tout bouleverser. Petite originalité donc, mais toute relative puisque presque tout a déjà été fait en termes de found footage et autres mockumentaries dont The medium serait un énième avatar (et le mélange peu singulier, souvent trop long, entre Le projet Blair Witch, L’exorciste et The strangers). Trop longue par exemple cette première partie qui suit Nim, chamane et sorte d’intermédiaire, de "relais" avec la divinité Ba Yan, dans sa vie de tous les jours et dans ses relations, pas toujours simples, avec son frère et sa sœur.
Cette mise en place, certes nécessaire mais un rien fastidieuse (comme souvent d’ailleurs dans le cinéma de Na), laisse déjà entrevoir les premiers signes de dérèglements qui, peu à peu, vont plonger Nim, sa fratrie et l’équipe de caméramans chargée du documentaire en plein cauchemar. Mais là aussi, une fois que le film opère une approche plus surnaturelle (puis clairement horrifique), Na et Pisanthanakun ne parviennent que rarement à s’extraire des codes et des clichés inhérents au genre (sans parler de plusieurs situations défiant parfois le simple bon sens). D’où cette désagréable impression de ne plus voir en The medium qu’un succédané de Paranormal activity et consorts, à peine embelli, lors du final, de deux ou trois scènes complètement folles. Alors qu’il y avait matière à proposer quelque chose de potentiellement puissant et abouti, The medium ne se résumera in fine qu’à un truc déjà vu. Un truc qu’on dirait estampillé Blumhouse Productions.