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Of an age

C’est parce qu’il doit aider en urgence sa partenaire de danse, qui s’est réveillée elle ne sait où, la tête dans le sable avec une bonne gueule de bois, que Kol rencontre son frère aîné, Adam, qui doit s’en aller pour l’Argentine le lendemain. Partis tous les deux en voiture la récupérer à quelques heures de Melbourne, les voici faisant connaissance et tombant chacun, sans prévenir, sous le charme de l’autre. Des regards, des silences, des mots, des rires, entre eux ça colle tout de suite, y’a un truc. Et si Adam assume tranquillement son homosexualité, pour Kol c’est plus compliqué, coincé entre désirs indécis et quotidien familial où la masculinité lourdingue se vit comme une normalité, presque une obligation (et fait évidemment de l’homosexualité une anomalie).

Pour son deuxième long-métrage, Goran Stolevski change radicalement d’univers et de forme pour évoquer la fulgurance d’une romance soumise à l’inéluctabilité du temps. Le récit rappellera d’ailleurs celui de Week-end où, déjà, une rencontre amoureuse se nouait et se jouait sur seulement deux jours, mais laissait des bleus au cœur pour toujours. On retrouve également, comme dans Week-end (mais sans que le chef-d’œuvre d’Andrew Haigh ne vienne entraver la singularité du film de Stolevski), une véritable attention portée aux dialogues et une évidente alchimie, belle et intense, entre les deux acteurs (Elias Anton et Thom Green, bluffantes découvertes).

Toujours au plus près d’eux, au plus près des visages et des corps magnifiés par une photographie solaire, Stolevski traque, avec autant de fièvre que d’infinie délicatesse, les flagrances d’une attirance qui ira plus loin qu’une simple pulsion physique, qu’une banale histoire de cul. Et quand, des années plus tard, et parce qu’un célèbre volcan islandais bloquera les avions au sol, ils se croiseront par hasard dans un aéroport, c’est bien de sentiments profonds dont il s’agira et qui, soudain, resurgiront avec fracas face au temps qui a passé. En seulement deux films, Stolevski fait montre d’un talent fou à s’emparer d’un genre et à le triturer à sa guise. On a hâte de le suivre dans ses prochaines incursions, et qu’importe qu’il se frotte au thriller, à la comédie ou même à la science-fiction.


Goran Stolevski sur SEUIL CRITIQUE(S) : You won't be alone.

Of an age
Tag(s) : #Films

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