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Comme un lundi

Il faut pouvoir s’imaginer un tel cauchemar : votre pire semaine au boulot qui se répète encore et encore. La pire donc, celle où vous êtes charrette, proche du burn out, bombardé de mails, de deadlines et d’injonctions en tout genre. Voilà ce qu’expérimentent les employés d’une petite agence de publicité, condamnés à revivre sept jours particulièrement intenses sur leur lieu de travail. Que s’est-il passé, et surtout comment s’en sortir, comment faire pour que ça s’arrête ? Comme un lundi, c’est Un jour sans fin au bureau (exit la marmotte). C’est Un jour sans fin au pays du Soleil-Levant (exit Punxsutawney), pays où la culture d’entreprise tient une place essentielle, sinon primordiale, au sein de la société.

L’idée d’une boucle temporelle dans le monde du travail nippon (où respect scrupuleux de la hiérarchie, dévouement total et fidélité des employés pour leur entreprise sont érigés en sacrosaintes valeurs, presque en raison de vivre) a évidemment un goût de métaphore ludique, évoquant l’aspect rébarbatif, voire aliénant, de tâches dont l’intérêt peut s’avérer proche du néant (par exemple ici : concevoir une pub autour d’une soupe miso… effervescente !). Ryo Takebayashi et sa coscénariste Saeri Natsuo se sont inspirés de leur expérience dans une boîte de production de contenus pour imaginer cette comédie jouant, comme la plupart des œuvres construites autour d’une récurrence de temps, sur la répétition effrénée des scènes et les infimes décalages qui s’y produisent au fur et à mesure que les héros prennent conscience de leur statut de Sisyphe des temps modernes.

Sauf que ça ne fonctionne pas chez Takebayashi. La structure disons classique, en deux parties, propre aux films de boucle temporelle (on prend fait du problème d’abord, et on essaie de le régler ensuite, problème généralement dû à un comportement ou une action du protagoniste) s’avère ici mal gérée. Si la première partie s’amuse à outrance des effets de redite grâce à un montage frénétique et un humour parfois burlesque, la deuxième préfère plus ou moins abandonner le principe-clé de la boucle pour se concentrer sur le fond (jusque-là rien à redire), mais en perd son grain de folie et son sens du rythme (le film devient alors ennuyeux, et son aspect itératif moins probant) pour dériver au final vers une sorte de conte moral qu’on aura le droit de trouver, cynique ou pas, un rien gnangnan (prôner le collectif sur l’individuel, retrouver le sens de l’existence, apprendre de ses erreurs, blablabla…). On résume : la boucle oui, le laïus non.

Comme un lundi
Tag(s) : #Films

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