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Music by John Williams

Un mois avant la sortie du documentaire sur Michel Legrand, c’est John Williams qui a eu droit à son film-hommage revenant sur sa carrière. Laurent Bouzereau, spécialiste des making of de plusieurs films de Steven Spielberg, ne pouvait qu’être l’homme de la situation pour approcher (et pour raconter) Williams. Tout au long d’un récit riche en images d’archives et témoignages divers (d’interprètes, de cinéastes, de compositeurs, de proches…), il dresse le portrait d’un artiste immense resté pourtant d’une simplicité, voire d’une timidité, qui force le respect, dans sa vie comme dans son travail (Williams écrit encore ses partitions au crayon, sans assistance informatique, s’en amusant d’ailleurs en estimant qu’il est "sûrement plus lent que les autres").

De sa jeunesse à ses premières armes, de sa rencontre avec Spielberg (les deux compères se qualifiant même, entre rires et belle sincérité, de "vieux couple") à ses succès mondiaux et intemporels, de l’homme discret au compositeur chevronné ("Je pense que les gens devraient savoir que c’est quelqu’un qui a travaillé seul dans une pièce pendant plus de 60 ans", dira de lui son petit-fils), amateur de jazz (comme Legrand), attaché à l’orchestration symphonique et créateur de concertos, Bouzereau nous dévoile Williams dans son entièreté. Avant Spielberg pour qui il composera, la première fois en 1974, la musique de Sugarland express, Williams a déjà plus de dix ans de carrière derrière lui, travaillant alors avec les grands noms de l’époque tels que Irwin Allen, Mark Rydell, Norman Jewison ou Robert Altman.

À écouter d’ailleurs la musique quasi expérimentale d'Images, on se demande comment la musique de Williams aurait pu évoluer s’il n’avait pas croisé la route de Spielberg… Aurait-il créé ces thèmes célèbres entrés depuis dans la mémoire populaire et celle du septième art ? À en dresser la liste, on vacille soudain, tant les merveilles s’accumulent : Les dents de la mer, Superman, E.T., La guerre des étoiles, Indiana Jones, Jurassic Park, La liste de Schindler, Harry Potter… Des merveilles qui nous ont enchanté et nous enchantent encore, nous ont accompagné et nous accompagnent encore. Des merveilles dont nous sont livrés ici les petits secrets et les petites histoires.

Par exemple Gustavo Dudamel, chef d’orchestre au Los Angeles Philarmonic, avouant que le thème de Jurassic Park est l’un des morceaux qui lui ont donné envie de devenir musicien. Ou Chris Martin, du groupe Coldplay, évoquant ses montées sur scène sur la musique d’E.T., premier film qu’il a vu au cinéma. Ou encore Kate Capshaw, l’épouse de Spielberg, ne pouvant retenir ses larmes en racontant la découverte du thème de La liste de SchindlerDes témoignages qui disent bien la puissance émotionnelle et évocatrice de la musique de Williams, et on regrettera finalement que le documentaire ne dure seulement qu’une heure et quarante petites minutes, tant sa carrière méritait d’être davantage explorée (en plusieurs films ? En une série documentaire ?), abordant trop rapidement, de fait, certains aspects de celle-ci qu’on souhaitait plus approfondis (notamment ses inspirations, sa création de musique plus conceptuelle, le statut aujourd’hui de la musique de films dans l’establishment musical…). Mais cela n’enlève rien au plaisir effréné de (re)découvrir l’œuvre, monumentale, de Williams et de constater la place unique qu’elle occupe désormais dans son domaine, et surtout dans nos cœurs.

Music by John Williams
Tag(s) : #Documentaires

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