Les beaux gosses

Face à ces Beaux gosses en total mode Deschiens, à ces chroniques super connes et drôles des années collège jouissant d’un buzz bizarroïde, âge tendre et tête de bois ont laissé place à âge bête et tête de nœud (et particulièrement à claques). Cette immersion bien jutée, mais franchement pas transcendante, dans l’univers impitoyable de l’acnus horribilis et du gadin amoureux, vaut avant tout pour ses dialogues parfaits de bêtise et de mauvaise foi juvéniles. Voici donc venu le temps des premiers atermoiements et des premiers attouchements (malhabiles), ce temps comme ralenti et douloureux qu’est la puberté nigaude où l’on a envie de se foutre en l’air pour un oui ou pour un non, où la demi-mesure n’existe pas, où les approximations culturelles et existentielles semblent refaire un monde à part entière qui n’appartient qu’à soi et surtout pas aux adultes.

Toutes les vérités établies sur les adolescents, devenues quasiment des clichés, des classiques, des passages obligés pour l’acte comique (branlettes sponsorisées par La Redoute, peur du sexe, trouble de la virginité, première pelle, premier râteau…) sont ici malicieusement mises en parallèle avec maints détails cocasses, presque surréalistes : Aurore et ses pieds sales, son énorme chien, l’accident du coude, le professeur suicidaire, les bananes dans le distributeur, le professeur de français spécialiste du "gay underground breton", Hervé habillé avec les mêmes vêtements pendant tout le film…

Ce décalage entre finesse du propos et singularités poilantes produit une savoureuse, une étrange relecture sentimentalo-trash de la vie d’un jeune puceau et de sa love story "compliquée", laborieuse. Les beaux gosses, s’il ne brille pas par sa mise en scène trop timide et transparente, est heureusement plein d’une énergie sincère (tous les acteurs sont au diapason d’une belle spontanéité), d’une verve et d’une gouaille joyeusement puériles et rarement vues ces temps-ci.