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Blanc comme neige

L’intérêt, la volonté du nouveau film de Christophe Blanc, 10 ans après Une femme d’extérieur, étaient prometteurs, voire ambitieux. Sur les pas de Jacques Audiard, Blanc comme neige semblait augurer d’un polar âpre et sombre, genre assez rare en France, en tout cas presque jamais accompli ni jamais probant. Au final, il se révèle être un beau gâchis miné par trop d'incohérences narratives qui discréditent sa tentative d’aller à la rencontre des grandes œuvres noires du septième art. L’intrigue avait de quoi séduire : un concessionnaire de voitures de luxe, à qui tout réussi, se retrouve entraîné dans une spirale infernale de violences suite aux magouilles de son associé, tué par la mafia finlandaise à qui il devait rendre des comptes. Ce soudain chaos qui enchaîne la poisse et les actions malheureuses permet à Blanc de créer une tension relativement bien tenue jusqu’à un épilogue à moitié convaincant, perdu au cœur des grandes étendues neigeuses d’une Finlande devenue menaçante.

On pense d’abord à Sunset Boulevard (le héros/narrateur "mort" qui explique, en ouverture, pourquoi il en est arrivé là), puis à Fargo (les voitures, la neige, le type englué dans un engrenage de mauvaises circonstances) et à James Gray (une fratrie aux prises avec la noirceur du destin) dans la manifestation de cette fatalité qui s’acharne à toujours aller contre les événements que l’on essaie, en vain, de contrôler. Mais Blanc et son scénariste paraissent avoir du mal à gérer la progression des faits et à préserver l'équilibre du projet, manifestement trop monumental pour eux, et comme inquiets aussi de l’envergure tragique qu’ils ont amorcé, et la désamorçant finalement lors d’un happy end honteux et totalement déplacé. Fallait-il à ce point terminer par un tel consensus, avouer ainsi ses propres faiblesses, sa propre défaite ?

Malgré une interprétation carrée (mais sans surprise) et quelques scènes prenantes, Blanc comme neige n’est que l’ébauche du thriller brûlant et parfait qu’il aurait pu devenir si Blanc avait consenti à plus de rigueur et d’opacité. Pour ne pas perdre son temps, il est préférable de revoir Sur mes lèvres, The yards ou même À l'origine.

Blanc comme neige
Tag(s) : #Films

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