Évidemment, Tarantino est déjà (et récemment) passé par là, relançant la mode de "l’enterrement vivant" dans Kill Bill et dans un double épisode des Experts. Buried partait donc avec un éventuel handicap : parvenir à faire oublier les plusieurs références de son thème principal et d’un pitch de départ plutôt casse-gueule. Pari pourtant réussi et tenu jusqu’au bout par un Rodrigo Cortès inspiré et malin puisqu’à aucun moment, à aucune seconde du film, il ne sera permis de s'échapper de cette maudite tombe pour aller prendre un peu l’air.
Paul Conroy s’y réveille à l'intérieur avec seulement 90 minutes d’oxygène, un téléphone portable à moitié chargé, un zippo, un peu d’alcool et un canif. Convoyeur en Irak, il a été pris en otage et enfermé dans cette boîte sans qu’il sache pourquoi. Il va devoir comprendre, rapidement, les enjeux de sa capture, répondre aux exigences de son ravisseur et, surtout, se sortir comme il peut de cette situation proprement infernale. Si vous êtes claustrophobe (et ophiophobe aussi), passez directement par la case départ. La sensation d’étouffement et de suffocation est bien entretenue durant 1h30, sans temps mort ni (presque) aucun ennui, et illustre très exactement, là sous nos yeux tremblants, ce terrible et puissant cauchemar auquel nous avons tous été confrontés un jour et qui nous effraie à un point (se retrouver enfermé dans le noir, coincé dans un lieu restreint, et pire encore dans un cercueil enfoui à six pieds sous terre).
Après un générique tape-à-l’œil à la Saul Bass, assez inutile par rapport à la rigueur et à la simplicité de l’ensemble, Buried développe assez habilement tout un vocabulaire cinématographique, sons, éclairages, angles de vue et perspectives, pour susciter un intérêt longue durée (c'est qu'il faut pouvoir tenir la distance), se mesure au noir aussi et n’a pas peur de s’y mesurer sérieusement, et sait maintenir, malgré quelques flottements, une tension en développant un rythme, une atmosphère entièrement à lui face aux possibilités esthétiques offertes par le scénario, forcément réduites au vu d’un décor plus qu’exigu (4 malheureuses planches en bois).
S’inscrivant à la suite de ces grands films claustrophobiques qui ont su jouer avec l’espace limité, recomposé (Alien, Cube, Panic room...), Buried fait preuve d’une belle efficacité tout en assumant son côté "exercice de style". Le film alterne humour (parfois), critique suggérée mais pas spécialement judicieuse de la géopolitique américaine en Irak, grandes scènes de malaise (celle où Paul finit par craquer est tétanisante) et un final convaincant, sans concession pour personne. Un huis clos en enfer surprenant, habité par la prestation unique d’un Ryan Reynolds en fièvre.