OK, tout le monde a fumé ou quoi ? C’est quoi le délire, c’est une caméra cachée en fait ? Une grosse partouze orgasmo-critique, les yeux bandés et un clavier dans le cul ? J’imagine que ce doit être une question d’affinités, de ressentis ou de sens de l’humour, je ne sais pas, et que seuls les gens bien dans leur vie et bien dans leur peau, intelligents et avec un cœur gros comme ça peuvent apprécier ce navet à sa juste valeur. À lire les articles unanimes et dithyrambiques qui, à tour de bras et la langue coincée entre les fesses de Lvosky, encensent le soi-disant comique du film (mais quel putain de comique ??? Le film n’est J-A-M-A-I-S drôle. Je concède quelques vagues sourires crispés, mais ça s’arrêtera là), vantent son charme irrésistible, acclament sa fantaisie juvénile et sa tendresse magnifique, on se dit que Panurge doit jubiler dans sa tombe comme un gros mouton cochon.
Lvosky ne tire finalement pas grand-chose, voire que dalle, de son idée de délire temporel et générationnel piqué à Coppola, juste des atermoiements amoureux à n’en plus finir (je t’aime, je t’aime plus, je re-t’aime, je re-t’aime plus…) avec des copines habillées comme des chiffonnières, une déco rétro amusante deux minutes, et des rapports familiaux niais et sirupeux (vite, il faut que je dise à maman chérie que je l’aime vraiment avant qu’elle meure, en plus ma maman elle est super cool parce qu’elle sauve les petites abeilles coincées en haut du buffet de la cuisine, et mon papa lui, il est tellement gentil même avec sa tronche de cake, et tous ensemble on chante du Barbara et on mange une galette des rois, youpi, et après les Bisounours ils vont venir nous faire des tonnes de bisous).
Le film est trop long, insipide, parfois lourd, souvent balourd, traversé de personnages stéréotypés (l’actrice ratée et alcoolique, le prof de philo, le prof de théâtre, le jeune puceau…), mis en scène sans éclat, sans bonheur, sans rythme, et ne décolle à aucun moment. Même l’interprétation semble fade (Lacoste, Podalydès, Moreau et Vuillermoz ânonnent leur texte comme s’ils étaient sous cachetons). Les quelques moments touchants se perdent dans une masse compacte d’ennui et d’ambition nulle ; il faut voir comment la fin est traitée par-dessus la jambe, et comment aussi les enjeux narratifs (thèmes de la perte et du premier amour, de l’adolescence et de l’amitié) se résument à des questionnements existentiels dignes de Femme actuelle (du genre "On chérit sa vie à chaque instant"), de ma boulangère ou du profil d’une ménopausée sur Meetic regrettant sa première pelle au collège. Au moins le film nous met dans la tête, pendant plusieurs jours, le Walking on sunshine de Katrina & the waves, et c’est toujours ça de pris. Camille redouble, peut mieux faire ou passe son Bac, on s’en fout complètement : pour les conneries, les souvenirs et le lycée ambiance années 80, moi je retourne voir Les sous-doués.