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Ô César, ô désespoir, ô mollesse ennemie !

Il y avait très longtemps (au moins dix ans) que je n'avais plus eu le courage ni la force de regarder la cérémonie des César. L’autre soir, j'ai décidé de m'y confronter à nouveau (j’étais sous acide) pour voir un peu si ça avait changé de l'habituelle et morne soirée de remerciements à n'en plus finir et de balais dans le culs enfoncés correctement et de sourires figés ou faussement naturels, en particulier celui d’Harrsion Ford qui, lui, semblait A) réussir à pioncer les yeux ouverts, B) compter les particules de poussière passant dans son champ de vision, C) envisager un suicide par auto-strangulation avec le fil de son oreillette.

Sur la forme, aucun problème, mes attentes n’ont pas été déçues une seule microseconde : c'est toujours aussi emmerdant malgré les efforts louables d’Elmaleh et Lemercier pour tenter de décrisper une audience contrite visiblement plus préoccupée de savoir ce qu’il y avait à manger après au Fouquet’s que de connaître les lauréats des meilleurs costumes ou du meilleur son (bon, en même temps, c’est vrai qu’on s’en fout un peu), et ceux aussi des différents intervenants venant présenter chaque catégorie (Fois et la robe de Kidman, Paradis se moquant d'elle-même, Balibar en roue libre entre pure consternation et happening surréaliste…).

En ce qui concerne le fond, là on peut parler de nawak. Mais c'est quoi ce délire, messieurs et mesdames les votant(e)s ? C’est quoi votre problème ? Vous le faites exprès, c’est ça ? Vous trouvez qu’on ne se moque déjà pas assez, tous les ans, de votre petite sauterie lamentablement protocolaire ? Deux César pour Rahim (déjà, nominer deux fois Cluzet relevait du mystère et de la boule de gomme, genre il n’y avait personne d’autre d’assez talentueux cette année pour espérer concourir au meilleur acteur) ? Fallait aussi lui donner celui de la meilleure actrice ou du meilleur perchman tant qu’on y était...

Meilleure révélation, c’est évident, c'est justifié et c’est mérité, mais le meilleur acteur en plus, c’est sans intérêt et sans aucune logique (autre que celle de décrédibiliser un peu plus encore cette sempiternelle cérémonie masturbatoire). Cluzet, dans À l'origine, méritait amplement la récompense. Mélanie Thierry ? Sans blague ? Un "espoir" alors qu'elle traîne ses guêtres depuis longtemps dans le métier et ce milieu tout à fait formidâââble ? Et la remarquable Soko, non, personne ? J’aurais été elle, je l’aurais refusé, ce César pitoyable offert comme un os à ronger, ou je l’aurais fait bouffer de force à Adjani pour qu’elle se taise.

Adjani, justement. Il n'y a vraiment QUE moi qui aie trouvé que ses pleurnichements de belette névrotique sonnaient terriblement faux ? J’étais si gêné pour elle (et puis elle était habillée comme un sac et sa coiffure ressemblait à un ersatz de la choucroute de Patsy Stone), si gêné face à son numéro d’émotions de pacotille que je suis parti pisser à ce moment-là. Et puis, elle n'en a pas déjà assez sur sa cheminée, des Césars ? Et Scott Thomas alors ? Elle fait du tricot, elle se drogue ? Gran Torino même pas surprenant, le film d'Eastwood est tellement consensuel et flasque qu'il faisait belle figure dans cette soirée consensuelle et flasque elle aussi. Harvey Milk ou J'ai tué ma mère auraient pu, pourtant, créer la surprise. Pour tout le reste et pour toutes les autres récompenses, j’imagine que chacun a dû y trouver son compte (de joies, d’ennui, de rancœurs et de futures prises de becs) à un moment ou un autre.

La qualité de l'ensemble des films nominés promettait une belle distribution des victoires, juste et équitable. Las ! Il n'y en a eu que pour Un prophète, très beau film au demeurant mais pas tant que ça. Récompenser presque uniquement le film d’Audiard a quelque chose d’invraisemblable, surtout face aux autres œuvres présentées. Pourquoi une telle razzia ? Pourquoi une telle uniformité, une telle manœuvre si prévisible en même temps ? Ce n’est pourtant pas la première fois (ni la dernière ?) qu’il y a des "oubliés" et qu’un film ramène à lui seul la plupart des récompenses (Le dernier métro, Cyrano de Bergerac, De battre mon cœur s’est arrêtéSéraphine…). Mais au fur et à mesure de la soirée, ça en devenait ridicule (même Audiard donnait l’impression de ne plus savoir où se mettre ni quoi dire pour s’excuser d’une telle supercherie). Voilà, j'ai fini de râler, ça m'apprendra aussi à sacrifier mon samedi soir pour un spectacle toujours aussi désespérant au fil du temps.

Tag(s) : #Vie du blog

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