Série culte à l’image de ses héroïnes, sophistiquée (Carrie), idéaliste (Charlotte), grinçante (Miranda) et osée (Samantha), souvent réduite à un fashion show girly en diable (qui s’habille en Dolce & Gabbana et Manolo Blahnik), Sex and the city s’adresse pourtant aussi bien aux filles qu'aux garçons sans cœur (ou pas). La tirade fameuse de Samantha sur la difficulté de pratiquer, au mieux, une fellation parle pour les deux camps, et que l’on vienne de Mars ou de Vénus, impossible de ne pas s’esclaffer devant une vérité assénée la bouche pleine, mais avec brio : "Vous les hommes n'avez aucune idée de l'effort que cela demande. Il faut faire attention au placement des dents, tension de la mâchoire, réflexe de succion, ne pas s'étouffer, tout ça en faisant l'aller-retour en gémissant et en essayant de respirer par le nez. Facile ? Chéri, tu peux me croire, ce n'est pas une partie de plaisir, c'est vraiment du boulot".
Les thèmes abordés concernent tous les caractères, tous les genres, toutes les libidos, et dépassent le simple clivage homme/femme, très loin d’un politiquement correct rétrograde incapable d’apprécier un Cosmo sur les sofas velours d’un bar lounge de la 5e avenue : amitié, engagement, difficulté des relations amoureuses, évolution des mœurs, mixité sexuelle sous toutes ses formes et dans tous les sens. Tout cela dissimulé derrière un vernis so glitter, pétillant et provocant, sublimement chic et choc. Sex and the city a su aller de l’avant au fil de ses saisons, gagnant en maturité émouvante, osant des réalités plus concrètes (cancer, adoption, divorce) et faisant évoluer ses personnages de filles perdues dans Manhattan en femmes modernes et équilibrées (malgré les talons hauts).
Quant à Mister Big, il EST cet idéal sentimental, ce global concept vendu à toutes les sauces et qui fait battre les cœurs du monde entier, de Times Square à Barbès : LE grand amour. Mythe pour papier glacé quasi inaccessible, légende urbaine aussi tenace qu’une super model pouvant disserter sur le paradoxe de Schrödinger, utopique pour beaucoup, éventuel pour certain(e)s, il se dérobe souvent derrière la vitre fumée d'une limousine ou le pétillant d'une coupe de champagne, tangible soudain dès lors qu’on l’a débusqué, mais finalement compliqué à gérer au quotidien. L’amour c’est bien, mais c’est pas facile tous les jours, surtout quand on est belle et riche avec trois millions de paires de chaussures dans son dressing.
Les aventures comico-débridées de ces quatre drôles de dames, entre week-ends dans les Hamptons et soirées porno gay, shopping compulsif et brunchs aux petits oignons, exposent en définitive les choses simples de la vie, questionnant nos multiples façons d’être en amour et au lit (à l’instar des interrogations de Carrie ponctuant chacune de ses rubriques). Intimement liée à cet existentialisme hype, New York est la cinquième roue de ce carrosse pailleté, écrin magique pour histoires de princesses rêvant du prince charmant en Smalto et d’un mariage en couverture de Vogue. Sous les blings blings, l’amour.
Carrie et Cie sur SEUIL CRITIQUE(S) : Sex and the city - Le film, Sex and the city 2.