Hormis Twin Peaks (qui était plus un prequel qu’une transcription fidèle) et à quelques exceptions près (Les incorruptibles, Mission : Impossible, South Park…), l’adaptation sur grand écran d’une série télévisée n’a jamais vraiment fonctionné ni connu de bonheur idéal. Celle de Sex and the city laisse, elle aussi, une impression mitigée ; moins de verve et de politiquement incorrect, mais plus de mignardises et de consensuel mou, en dépit d’un New York toujours aussi glamour et photogénique, de plusieurs scènes délicieuses (les joies du coloriage, Samantha en manque de sexe, l’hystérie de Charlotte…) et d’un plaisir évident à retrouver nos quadras fabuleuses en talons aiguilles et robes haute couture à des prix inimaginables.
Le principal défaut de cette paresseuse transposition cinématographique est sa durée : la série savait imposer sa pertinence grâce à son format court parce que tout se jouait sur une énergie, une vivacité et une effronterie que le temps imposé permettait de satisfaire et de tonifier. Étiré sur 2h20, le film se perd inévitablement en futilités, en longueurs, et sacrifie le dynamisme primordial de la série là où 1h30 aurait largement fait l’affaire. Alors que certaines scènes sont quasiment inutiles (les essayages de robes de mariée, le voyage au Mexique, l’assistante de Carrie…), d’autres au contraire sont traitées avec une incroyable superficialité, voire une indigence qui laisse perplexe, comme, par exemple, les "péripéties" de Charlotte et Miranda, pourtant deux des héroïnes du film, qui semblent avoir été écrites à la va-vite (Steve trompe Miranda comme sur un coup de tête et sans réelle raison) pour combler les vides d’un scénario sommaire qui ne conserve en rien l’audace piquante de la série. Même celles de Samantha, délocalisées à Los Angeles, paraissent artificielles par rapport aux déconvenues amoureuses de Carrie et Big qui concentrent tout l’intérêt (relatif) du film, sempiternel "Je t’aime, moi non plus" sur fond de mariage raté et de déprime carabinée.
Autre grande erreur : la série s’adressait aussi bien à madame qu’à monsieur et parvenait à toucher, de par sa liberté de ton et ses différents sujets, le cœur en béton armé de ces gentlemen inflexibles. Le film, lui, s’est métamorphosé en énième comédie romantique pour éternelle célibataire en mal d'amour, rêvant d’une alliance en diamants sur la 5e et d’un coup de foudre à Central Park. Roman photo toc sur papier chic et glacé, Sex and the city - Le film ressemble davantage à un magazine féminin qu’à la continuation aboutie d’une série insolente, pétillante et novatrice, soit beaucoup de chichis, beaucoup de placements publicitaires et beaucoup trop de pages pour trop peu d’essentiel.
Carrie et Cie sur SEUIL CRITIQUE(S) : Sex and the city (la série), Sex and the city 2.