Après Piaf, après Gainsbourg, et même après Coluche, après Sagan et Molière et Mitterrand, et en attendant, sans doute un jour, Brel, Johnny, Dujardin et Geneviève de Fontenay, voici un nouveau biopic made in France retraçant le destin chaotique d’une de nos plus grandes gloires nationales, j’ai nommé l’incontournable, l’inénarrable, l’électrique Claude François ! Alors c’était qui, c’était quoi Claude François ? Un chanteur à minettes, un homme à femmes, queutard insatiable, showman fanatique, businessman impitoyable (magazine, parfum, revue coquine, agence de mannequins…) et maniac freak jusqu’au bout de la mise en pli et profondément, très profondément meurtri (par l’ostracisme de son père, par son envie de plaire et son envie de tout contrôler, jusqu’à faire le choix de dissimuler l’existence de son deuxième fils pendant des années).
Derrière le strass et le kitsch, derrière les tenues improbables et les cris des fans hystériques, Florent Emilio Siri laisse entrevoir un homme insatisfait, égocentrique et terriblement exigent. Biographie basique, claire et nette, ordinairement linéaire (trauma d’enfance, prémices difficiles, triomphe puis disparition tragique d'une star fauchée en pleine gloire), enchaînant sans temps mort les titres et les tubes au gré d’une moitié de vie bien remplie, Cloclo souffre d’une première heure quelconque jamais loin du syndrome kloug de La môme (gros sabots et mélo empesé) ; c’est quand le succès est, enfin, au rendez-vous et que Cloclo se transforme en machine à vibrer, invivable, colérique et fantasmatique, que le film devient réellement intéressant (parce que le personnage l’est devenu, débarrassé alors des conventions et de la pesanteur des premiers pas).
Entre anecdotes savoureuses (celle du - faux ? - malaise, celle sur Étienne Roda-Gil qui lui écrivît Magnolias for ever et Alexandrie Alexandra…), portrait pas toujours flatteur, reconstitution pointilleuse et chromos d’époque, Jérémie Renier, d’une ressemblance plus que troublante, balance bien des hanches et exécute quelques jolis jeux de jambes (mais franchement, cinq mois d’entraînement pour ÇA ?...). Il s’en sort plutôt pas mal (et mieux que dans le récent Possessions), mais sans faire les étincelles promises et louées un peu partout.
Faut dire aussi qu’il n’est pas vraiment aidé par des dialogues parfois un peu tartes/niais/débiles, principalement au début et dans les scènes d’émotion. Quant à Benoît Magimel, que dire, sinon qu’il ressemble davantage à un sosie botoxé de Jake LaMotta qu’au vrai Paul Lederman (ils s’en sont pas rendus compte à un moment, quand même ???). On s’ennuie rarement, on tape du pied, on claque des doigts, emporté malgré nous (malgré tout) par le tourbillon des paillettes et d’une mise en scène énergique (naviguant entre consensuel léché et esbroufe opportuniste avec ses nombreux plans-séquences), dévouée entièrement à l’un de nos plus illustres coqs tricolores.
Florent Emilio Siri sur SEUIL CRITIQUE(S) : Nid de guêpes.