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Complices

Vincent est un jeune prostitué sûr de lui, avant tout un corps que l’on paye et convoite, un "corps du délit", entièrement, entité physique pour laquelle, aussi, on chavire, se déchire ou se jalouse. Désiré, érotisé à chaque instant par la caméra de Frédéric Mermoud (prometteur) qui ne se prive pas de s’en régaler (Gilbert Melki, à quelques reprises, n’y échappe pas non plus), Vincent est tel un fantasme que chacun tente de s’approprier absolument, d’un client à un ami en passant par le réalisateur lui-même. Rebecca, elle, est une lycéenne sans rien de spécial, gentille fille pas très belle et en même temps très touchante, très naturelle dans sa simplicité et dont le sourire est joliment désarmant. C’est peut-être cela que cherche Vincent à travers elle, ce besoin d’une délicate normalité qui le ferait vivre mieux, l’emmènerait loin des chambres d’hôtels, des lits froissés et des rancœurs masculines. Mais c’est Rebecca, contre toute attente, qui s’essaiera au monde de Vincent, par amour ou par bravade, prête à se donner elle aussi à ces hommes mariés cherchant, à travers eux, un regain à leur(s) envie(s) sexuelle(s).

Hervé et Karine sont deux flics un peu las enquêtant sur la mort de Vincent (dont le corps a été retrouvé dans un fleuve). Pour eux, c’est à travers Vincent (et la découverte de son assassin) qu’ils cherchent, peut-être, des réponses à leur solitude et comme un nouveau souffle à leur existence. Leurs histoires à tous les quatre, en parallèle et en croisements, confesse un examen de la passion, du désir à tout âge confrontant romance de la jeunesse (impulsive, incarnée) et bilans amers de la quarantaine (états d’âme, détresse sentimentale).

L’investigation policière n’est qu’un doux filigrane, Complices est d’abord un drame avant d’être un thriller, Mermoud interrogeant surtout l’intimité de ses personnages face à l’amour, aux relations et au sexe. Il filme le sexe, justement, avec caractère et détermination, les scènes sont frontales, exposées sans bien faire, sans ménager. Dommage en revanche que le film, dans sa généralité, n’apporte pas plus de trouble moral, de griserie esthétique. Tout reste comme à l’état provisoire, momentané et développé à moitié (c’est assez évident par rapport au personnage d’Emmanuelle Devos ou celui du frère d’Hervé). Il manque à Complices une réelle ambition, une impolitesse, une rigueur qu’empêchent davantage une mise en scène inexpressive et une photographie assez déplaisante.

Complices
Tag(s) : #Films

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