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MG dans ta face #1

Septembre 2010, c’est la rentrée. Allons exposer nos teints hâlés dans les salles obscures, passons des chouchous au pop-corn, de la serviette au fauteuil, des lunettes de soleil aux lunettes 3D. Enfin non, pas de lunettes 3D ce mois-ci puisque je n’ai pas eu la "chance" de voir A Serbian film en 3D. T’es obligé de te taper Alice et les lapins de son pays des merveilles à la con en trois dimensions, mais les viols de nourrissons, eux, se font encore en deux dimensions. Le monde est super mal fait. Alors oui, cher lecteur déjà déçu par les quelques lignes de ce premier billet, je n’ai pas vu Piranha 3D (j’ai le sens des priorités), mais vu cette gueule déconfite que tu tires en te disant que même dans deux ans, ce type n’aura toujours rien compris au cinéma, alors je t’en ferai la critique le mois prochain.

Car oui, je t’en foutrai plein la face en octobre, encore, cette rubrique n’étant pas mono-billet. Teaser : en octobre, MG déchiquettera de la blondasse pour que tu aies ta dose d’hémoglobine 2.0. So hot avec smiley qui essuie la goutte qui perle à son front. Et si toi aussi tu es un grand cinéphile, si tu vas plus de deux fois par mois au cinéma, si on te demande toujours "Tiens, y’a quoi au ciné en ce moment ?", ce à quoi tu réponds depuis trois mois : "Inception !", allez l’ami (oui, je sens déjà une complicité s’installer entre nous), I’m gonna give you my little help (cette chronique s’exporte aussi à l’international).

Pour ton boutonneux de frère que tu as surpris dernièrement se mesurant les parties intimes devant sa glace, je conseille Be bad!. Ou comment apprendre à pécho en se prenant pour Clyde Barrow. Alors oui, celui qui avait foutu la petite Juno en cloque a encore les bourses qui démangent. Seul souci, ici il se fait rembarrer. Sur le postulat classique mais tellement véridique que les filles kiffent les rebelles (et les mecs qui jouent de la guitare, et les mecs qui ne disent rien mais écrivent des poèmes), Michael Cera fait ressortir le petit démon qui est en lui pour faire hum hum avec la petite blonde qui sera forcément la mère de ses enfants. Michael Cera en rebelle, jusque-là c’est drôle, surtout quand le rebelle à un nom de petit Français (à prononcer à l’américaine, c’est une évidence), mais dans le film il ne fera rien de plus que renverser son bol de céréales et cracher sur la moquette, ou inversement. Le reste est dans la bande-annonce, c’est plus court et c’est plus drôle.

A Serbian film, film que je conseillerai à ta moitié si elle a des envies de fraises et qu’elle a déjà acheté son test Clearblue. A Serbian film est un gros buzz en soi, interdit partout, pas de distributeur en France, et c’est censé être le pire film que t’aies jamais vu. Sacrées promesses. Mais ce n’est ni le film d’un génie ni celui d’un décérébré qui mérite la douche froide, c’est juste un film jusqu’au-boutiste, crade et sans grand intérêt à part celui de faire jaser.

Rudo et Cursi, si tu crois encore que le look de footballeur fait fantasmer les filles, si tu crois encore qu’être chanteur fait aussi fantasmer les filles, alors ce film est pour toi. Production low cost qui sort un peu de nulle part, à part des cartons. C’est le film dont-tu-sais-pas-trop-d’où-y-vient-ni-comment-ils-ont-réussi-à-le-faire-vu-le-petit-budget-mais-qui-te-fout-bien-la-banane. Une espèce de famille brésilienne mais au Mexique et en sympathique. Grouille-toi, demain ils le déprogramment !

Pour mamie Jacquotte qui a toujours eu des idées pas vraiment catholiques par rapport à Lambert Wilson, je conseille Des hommes et des dieux. Le dernier Grand Prisé de Xavier Beauvois ne réussit jamais, dans les deux heures qu’il propose, à faire cohabiter le fond et la forme. Alors qu’il est scénaristiquement intéressant, Des hommes et des dieux est formellement emmerdant. Film très premier de la classe qui manque de souffle et se terminera, comme convenu, par quelques lignes de textes sur un écran noir. Il ne décevra sans doute pas ladite mamie Jacquotte grâce à son boys band d’acteurs en soutanes et robes de bure. Pour les autres…

Si tu es beau, vigoureux, trentenaire et que tu fantasmes d’un plan à trois, passe direct au plan à quatre avec Happy few. Anthony Cordier nous fait découvrir l’histoire d’un quatuor amoureux, de corps qui se rencontrent et de sentiments qui s’emmêlent. Entre sexe et émotions, sans malaise ni vulgarité, Happy few est un film poétique, voire pudique. Mention spéciale pour Marina Foïs qui, à chaque fois, est une nouvelle révélation. Happy few, ou le film qui donne envie de se faire rouler dans la farine.

Si tu aimes les mecs (de la crevette au bodybuildé), je te conseille Homme au bain. Le dernier film très attendu d’Honoré est un échec total, tout simplement. Il conviendra plus tard de le ranger entre les sex tapes et les films de vacances du réal plutôt qu’entre tes DVDs de Non ma fille, tu n’iras pas danser et de Chansons d’amour. Malgré de très belles scènes, comme celle avec Dennis Cooper ou celle avec un petit minet en fourrure dansant sur Girls, Homme au bain passe sans laisser aucune trace. Honoré sait faire de très mauvais films (17 fois Cécile Cassard), d’excellents films (Les chansons d’amour, Dans Paris, Non ma fille, tu n’iras pas danser) et des films sans intérêt (Homme au bain), c’est sûrement pour ça qu’il est un réalisateur talentueux. Mais là, on a juste envie de lui dire «Next!».

Chaque mois, il y aura "le film du mois", et ça se passe d’explication. Ce mois-ci, c’est Romain Gavras qui défonce l’écran avec Notre jour viendra. Premier film d’une maturité rare, Notre jour viendra dépeint, entre Noé et Dumont, l’exode nihiliste et foutrement libertaire, vers une terre promise, d’un babache du Nord (Olivier Barthelemy, LA putain de révélation) et d’un psy désabusé (Vincent Cassel, LE putain d’acteur) à travers un no man’s land industriel. Vertigineux, assoiffé, puissant. Romain Gavras, réalisateur burné, restera sûrement un artiste incompris. Tant pis pour les autres.

À Cannes, le cinéma asiatique proposait Poetry (prix du scénario) et Oncle Boonmee, celui qui patati patata (palme d’or paraît-il). Aux cinéphiles avertis (enfin ceux qui vont plus loin que Les meilleurs amis du monde), je suggère Poetry, l’un des plus beaux films de l’année, véritable puzzle d’émotions et d’intelligence comme une caresse de gravité, la vraie palme d’or du Festival. Je vous épargnerai ma critique d’Oncle Boonmee, n’ayant pas envie d’intégrer le pool rédacteurs cinéma du Figaro (ou de froisser Anna, la première groupie de "MG dans ta face").

Bonus : si c’est ton anniversaire et que tu rêves d’un space cake à la place d’un fondant au chocolat Alsa, prépare-toi à l’effet Kaboom. Le nouveau Araki est à faire bander les morts. Plus dingue tu meurs. Kaboom, c’est comme MG, c’est direct dans ta face. CQFD.


Publié par MG, celui qui reviendra en octobre avec cette rubrique à se taper le cul par terre.

Tag(s) : #MG dans ta face

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