Novembre 2010, mois kif-kif bourricot (comprendre qui voudra), MG dans ta face ou la première chronique destinée à un lectorat vernaculaire. Objectif 2012 : MG président. Putain, déjà deux lignes pour ne rien dire. Allez, gratte, gratte ! Sinon dans un mois, c’est Noël, et les cadeaux te font déjà de la lèche dans les vitrines depuis des semaines. Oui mais voilà, les 33% d’endettement sont atteints, et euh… ben voilà, tu te sens concerné(e) quoi, concerné(e) par la baisse du pouvoir d’achat. Voilà enfin une priorité essentielle. À côté de ça, le cinéma n’est qu’un art futile, aussi futile que l’art d’ailleurs, loin de tes réelles préoccupations, tu ne vas donc pas au cinéma, tu ne comprends pas ces sales critiques bourgeois parisiens qui ne te comprennent pas non plus (normal, eux ont du pouvoir d’achat, je te le disais, tout est question de pouvoir d’achat).
Enfin bref, le seul truc qui t’intéresses en cette fin novembre, c’est ton maigre salaire qui va enfin t’être versé (fuck les patrons ! - Note du patron : dois-je me sentir fondamentalement visé, MG ?) ; mais putain de bordel de merde, dans quel film dois-je mettre les seuls 10 euros qui me restent après avoir épongé mon découvert ? À ça, je vais te donner la réponse et plus encore, baby. Pour quelles bonnes raisons il ne faut pas aller voir ce film-ci ou ce film-là et ainsi économiser les seuls 10 euros qui te restent, parce que moi, oui moâ, je n’ai pas de pouvoir d’achat aussi.
Tu n’iras pas voir Biutiful parce que Javier Barderm a une coupe mulet et ça, c’est tellement ringard que ça fait mal aux yeux et que ça devrait être interdit. Si tu vas au cinéma, c’est pour te détendre et surtout pas pour réfléchir à la condition humaine en étant mal coiffé. Iñárritu a fait de bien meilleurs films : Amours chiennes, 21 grammes… Et puis tu ne vas pas au cinéma pour te flinguer la journée ou te déprimer la semaine ou pleurer toutes les larmes de ton tout petit corps.
Au fond des bois, que de bonnes raisons aussi de ne pas voir ce film. Déjà, regarde près de chez toi, tu verras qu’il ne passe pas parce que personne connaît ce film, et si en plus tu payes pour un film dont tu ne pourras même pas te vanter parce que personne le connaît, alors ça n’a foutrement aucun intérêt. Parce que… euh… ben, c’est bizarre quoi. Pas compris moi, toi ?…
L’homme qui voulait vivre sa vie, j’vais quand même pas payer 10 euros pour voir ça, si ? clame Gérard à l’entrée de l’UGC Johnny Hallyday de Breux-sur-la-Garonnette. Nous remercions Gérard pour son avis consommateur et MG se joint à Gérard parce que le consommateur à toujours raison, et MG aussi bien sûr. Tout le monde l’a vu de toute façon, alors demande plutôt à tes collègues de bureau de te raconter le film (et même la fin), ça va leur faire plaisir et ça te coûtera pas un rond. Ça, c’est un vrai conseil malin.
Marina Foïs y est mauvaise (alors qu’elle était fabuleuse dans Happy few et Non ma fille, tu n’iras pas danser) et Romain Duris particulièrement énervant. Histoire vue et revue, c’est super-chouette de vouloir vivre sa vie, mais faut la gagner sa vie, oui Monsieur, faut bien bouffer et payer son loyer, alors trêve de conneries utopiques. Et puis faut le dire, la réalisation n’est vraiment pas ambitieuse, mais alors vraiment pas ; pour un film sur la passion de la photo, ça manque un peu d’intérêt photographique justement, pourtant le Lartigau, il s’est bien entouré, mais bon…
Belle épine, c'est quoi ça déjà ? Ah oui, le premier film de Rebecca Zlotowski. Deux bonnes réponses à la question "Pourquoi ne pas allez voir ce film ?". 1 - Le nom de la réalisatrice est imprononçable, du coup, ça donne ça : "Tu es allé voir quoi ce week-end ? - Belle épine. - C'est de qui ? - Euh… ", et là mon gars, là ma chérie, c'est le drame. On va pas payer 10 euros pour être ridicule quand même, non ? 2 - Et pourquoi ça s'appelle Belle épine d’abord ? Pourquoi pas Créteil soleil ou Val d’Europe ? Si en plus le titre n'est pas clair, alors où on va ?
Et puis un film français sur le deuil et l'adolescence sans une scène à la piscine avec des ados qui se tripotent dans les vestiaires, ça n'a pas d'intérêt, surtout si pour remplacer la piscine et les touche-pipi sous la douche, on balance des frotti-frotta dans une chambre froide sur le marché de Rungis… Bonjour l'angoisse. Mais quand même : tu risques de voir Léa Seydoux dans un de ses meilleurs rôles, après La belle personne, et Johan Libéreau dans un très bon rôle aussi depuis Les témoins de Téchiné.
Vénus noire, le futur film aux dix mille Césars, faut y aller, c’est sûr. Mettre 10 euros pour un film qui est nominé aux Césars et pas aux MTV Awards, ça n’a pas de sens, et y’a pas que ça, y’a aussi le fait qu’avec Kechiche, plus c’est long, moins c’est bon, et là, ça fait quand même 2H40 gamin(e), alors ça calme. Y’a aussi le fait qu’à vouloir faire dans le réalisme cru, froid et sans empathie, ça vire juste dans le pénible et le glauque. Y’a aussi le fait qu’à force de vouloir nous choquer, nous indigner et nous rendre coupable, ça devient juste relou. Y’a aussi le fait que ça commence à devenir insupportable ces films qui se terminent par trois lignes de texte, là il nous rajoute carrément des images d’archives… N’en finira-t-on donc jamais ?
Et pour quelles raisons valables il faut pas aller voir The American, alors que bon, George what else quoi ?! Parce que t’as vu la bande-annonce et qu'elle n'a absolument rien à voir avec le film, tu vas être très déçu(e). Parce que même si tu payes 10 euros pour 1h30 de film et que t’as l'impression d’y rester 3 heures (ce qui peut être un argument de vente, d'économie, voir d'investissement réussi), il y a de très fortes chances pour que tu t’endormes, donc c’est bien trop risqué de tenter le coup. Et parce que même les pubs Nespresso sont plus captivantes que le film, c'est dire le film, tu vois.
Alors, bien sûr, t’as vu les affiches de Potiche partout, les petits post-it et tout ça, ça te fait marrer grave (t’as toujours rêvé de jouer à ce jeu), alors tu te dis "Je vais claquer mes 10 euros dans ce film", et heureusement, heureusement j'arrive in extremis pour t’empêcher de faire la bourde du siècle parce que Potiche véhicule des idées malsaines et contre-nature (donner aux femmes le droit de penser, de prendre des décisions, voire de frôler le pouvoir) ; en plus, le film suggère une sexualité désinvolte, ce qui ne peut être accepté, pas même qu’une relation purement homosexuelle, quelle honte ! Mettre 10 euros dans un film qui tente de détruire nos valeurs morales est inacceptable, Madame ! Et puis bon, voir Catherine Deneuve, cette grande icône du cinémâââ français, dans un jogging obscène mater une lapine en train de se faire piner, est une vision qui va heurter la sensibilité des plus jeunes et des plus vieilles. En plus Ozon ose caricaturer notre respectable président et ça, c'est tout bonnement un scandale ! En prison, le Ozon !
Tu te demandes donc quel film tu vas bien pouvoir aller voir, tu te demandes "Mais où vais-je bien pouvoir foutre mes 10 euros ?", ô toi lecteur lectrice fidèle et distingué(e). Halte là, manant(e), j'ai la réponse : Buried. Parce qu'il n'y a pas d'équipe technique, pas de décors, pas de costumes, pas d'effets spéciaux et juste un seul acteur hollywoodien supportable (comme ça au moins t’es sûr que tes 10 euros iront à ce flan de Ryan Reynolds et pour sa Scarlett adorée). Parce qu'un animal a été maltraité pendant le tournage (non non, je ne parlais pas de Reynolds), parce que le film prouve qu'un Blackberry n'a jamais besoin de batterie ni de réseau, parce que c'est un peu le principe des livres dont vous êtes le héros, tout le long du film tu peux gueuler "Non, fais pas ça !", "Mais putain, le briquet, éteins le briquet, tête de buse !", "Putain mais non, nooon, noooooon !". Bref, pour 10 euros, tu vis plus qu'un film, ma cocotte, tu vis une véritable expérience.
Je t’avais promis du pouvoir d'achat, je t’offre du pouvoir d'achat, et en décembre, tu pourras aller voir le premier volet machin truc d'Harry Potter bidule, et ça, c'est le plus beau des cadeaux de Noël. Et en 2012, don't forget, vote MG, LE président du pouvoir d'achat !
Publié par MG, celui qui est au pouvoir d'achat ce que le kangourou est à l'Australie et au slip : un truc en voie d'extinction.