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MG dans ta face #7

Je vous avais laissé avec une critique pré-César et après vous l’avoir mis, aussi, dans le cul (ou autre part), critique pré-César où, d'ailleurs, je n’avais pas vraiment brillé de par mes déductions très Élisabeth Teissier. Ce fut donc une douloureuse attente pour vous, celle de me voir revenir avec ma prose digne des perles du Bac souillant le wallpaper trop nickel de ce soi-disant blog critique intello-gauchiste de gauche bobo-parisien et anarchiste (genre "On va péter la gueule à Allociné !") qui a, depuis, rythmé vos petites vies.

Le cinéma se vit aussi pour des événements "majeurs" : la sortie du Woody Allen, du Clint Eastwood (toujours aussi mauvais l’un et l’autre), les César que l’on regarde toujours parce qu’ils sont toujours aussi chiants, et Cannes où tous les films te paraissent tellement géniaux derrière l’écran de ta télévision que quand tu les vois débarquer sur grand écran, la déception te donne un big vague à l’âme.

Maintenant que le cinéma vibre pour moi et que je fais vibrer le cinéma avec des billets plus mal écrits les uns que les autres chaque mois quand je n’ai rien à foutre de mes soirées, il est donc temps de revenir avec un billet, histoire de pimenter vos vies tellement palpitantes que DSK en est devenu l’attraction phare. Allez, torchons ça vite fait avec les derniers films «grandioses» du 7e art pour que je puisse aller m’envoyer en l’air. Faisons avec ce qu’on a : Où va la nuit, Tomboy, La conquête, Animal kingdom, Minuit à Paris, American translation et The tree of life.

Où va la nuit ? Nulle part.

Tomboy : le nouveau film de Céline Sciamma est une excellente surprise, douce et frappante. Après Naissance des pieuvres qui ne m’avait fait ni chaud ni froid, Tomboy arrive, par sa fraîcheur, a nous donner un coup de sang et à devenir le film remarquable d’un début de printemps. À la fois troublant et émouvant, Tomboy, porté par une Zoé Héran au charisme fou, enivre par sa liberté visuelle, quitte à en faire un film solaire (je vous laisse chercher la définition du film solaire).

Dans ce joyeux bordel qu’est la politique (au sens le plus séminal du terme), La conquête apparaît comme un gros barnum circus. Enchaînements de déjà-vu et de on-sait-déjà, le film trouve son intérêt dans la galerie de personnages qu’il fait défiler, Sarkozy en Podalydès plutôt bon, Chirac absolument irrésistible et Villepin qui prend cher. Revoir Sarkozy dans une campagne de promesses, ça parle de lui-même, tant le bilan est mauvais (pouvoir d’achat, travail plus pour gagner plus, plan Marshall des banlieues, etc.). Le tout aurait fait un bon téléfilm sur Canal étant donné que le côté romanesque de l’histoire, et notamment la partie avec Cécilia, est très mauvaise, ridicule et mal jouée. On retiendra quand même le comique des piques vachardes, le Sarkozy version DSK ("Je suis un très bon coup"), et certaines situations très "contre-pied" (Dominique Besnehard se payant la tête de Ségolène en long, en large et en travers).

Voilà que la top surprise de l’année est australienne, et depuis quand le pays des kangourous nous offre des putains de films, hmmm ? Animal kingdom est absolument classique dans son sujet : la famille de truands, s’en extirper, ses lois infaillibles (aucune loi de famille au sens coppolien du Parrain, car les racailles, ici, ne sont pas glorifiées). Les acteurs sont remarquables, bonus pour la dragonne Jacki Weaver qui tient sa bande de fauves par les couilles. Le jeune James Frecheville ne passe pas non plus inaperçu, rappelant un certain Adam Butcher (Dog pound) par la rage sourde qui l'habite. Le réalisateur David Michôd réalise un tour de force en créant une atmosphère suffocante, utilisant, très judicieusement, une B.O. magnifique et des gimmicks sonores rappelant quelques bruits de savane où l’on se sent traqué en permanence. La surtension tient jusqu’au bout, en forme de coup de poing dans le plexus. Il y avait longtemps qu’un film ne s’était pas terminé avec une telle puissance…

Et sinon, le dernier d’Allen le croulant ? Une espèce de choux à la crème boursouflé reprenant, non sans ironie, le "meilleur" du cinéma français actuel, de Cotillard à Gad Elmaleh en passant par Léa Seydoux. En guest, la Carlita Sarko, plutôt bonne dans son rôle et qui n’achète même pas une baguette, merci le buzz foireux. L’intérêt de ce film réside dans les surprises qu’il réserve (les flashbacks dans le Paris historique et artistique) puisqu’aucun indice n’avait fuité hormis l’hideuse affiche avec son ciel vangoghesque. Malheureusement, ces flashbacks ne font que tirer sur la corde des clichés et du défilé de personnages, anecdotes trop intellectuelles en prime, genre "J’ai rien compris, offrez-moi donc la culture artistique pour les nuls". Woody Allen ne prend pas la peine de profiter de ses petits moments qui auraient pu être savoureux, il ne leur donne aucune profondeur, aucune importance, on flotte, on survole, avec, toujours, cette sensation de tout et de rien chez ce cher Woody qui a, on l’a bien compris, choisi la quantité à la qualité. De toute façon, c’était mieux avant, et puis Paris, c’est mieux sous la pluie. En tout cas, l’office de tourisme de Paris remercie grandement Woody pour ce spot publicitaire gratos.

Il y a des films où ce n’est pas nécessaire de taper dessus parce que c’est un peu comme dans Le Cid, "À vaincre sans courage" ou "Triomphe sans gloire" ou un truc dans le genre (faudrait quand même que je révise mes classiques). American translation ne passe que dans deux salles à Paris (CQFD) et c’est interdit aux moins de 16 ans (?). Le film n’est pas trash, le film n’est pas particulièrement sexuel, en tout cas dans ses images. Même s’il possède un grand capital sympathie (plus pour sa bande-annonce exaltante que pour son affiche dégueulasse), le film, animé par le duo Pierre Perrier et Lizzie Brocheré, assez séduisants mais pas assez justes pour être convaincants, ne décolle jamais vraiment, le pouls de la narration est plus proche de l’arrêt cardiaque que d’une piqûre d’adrénaline. Il y a quelques bonnes idées, les "lost in translation" des dialogues anglais, une belle photo (particulièrement quand les corps nus rappellent de grands tableaux romantiques) et une musique électro qui vient battre la cadence.

Terminons par l’inacceptable The tree of life, le film de toute une vie, de toutes les vies, de toute la vie de Malick en tout cas, ou quand le monde du cinéma te prend pour une grosse bille. The tree of life, ou le film épargne-obsèques à base de philosophie de bazar et/ou de spiritualité de comptoir. Grâce et Nature, Father, Mother and God : risible ! Vous aussi, dès aujourd’hui, réalisez votre Tree of life, non pas en 10 ans, mais en seulement 10 minutes. Petit atelier cinéma entre amis : filmez une copine courir pieds nus dans votre jardin, des gosses jouer au foot, un arbre par-dessous, un ciel par-dessus et des immeubles en verre. Au milieu, intercalez de belles images de chez Getty, un écran de veille Mac, des extraits d’Ushuaïa Nature, de Home ou de National Geographic. Finissez tout ça sur une plage et embrassez-vous tous. Pour rajouter un peu de piment, terminez par une grosse partouze façon orgie cosmique illustrant, bien évidemment, l’origine du monde avec un gros O comme un gros zéro…

Bon, voilà, c’est pas qu’on se fait chier, mais ça serait bien que les bons films arrivent sur nos écrans à un moment ou un autre [Note du patron : "MG, tout va s’arranger, y’a Transformers 3 programmé fin juin"].
 

Publié par MG, celui qui n’a plus assez de doigts pour compter les mauvais films en 2011.

Tag(s) : #MG dans ta face

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