Un prédicateur à la petite semaine, faux exorciste mais vrai roublard profitant de la crédulité religieuse de ses ouailles, se retrouve soudain confronté à une vraie histoire de possession démoniaque et autres joyeusetés sanguinolentes. Suivi par une petite équipe de tournage (un cadreur et une preneuse de son) qui souhaite réaliser un reportage sur sa gentille personne, le révérend Cotton Marcus va rapidement mordre la poussière face à la jeune Nell que le démon Abalam (pour les intimes) habite profondément.
L’exorciste, Le projet Blair Witch et [REC] ont déjà ratissé les terrains exploités, explorés par le film de Daniel Stamm (diable en goguette et faux documentaire qui fait "peur"), sans parler des précurseurs de la chose (Cannibal holocaust, C’est arrivé près de chez vous…) et toutes les inepties qui vont avec (Cloverfield, Paranormal activity…). Le dernier exorcisme ne propose donc aucune nouveauté ni aucune originalité en termes de grands frissons, dans son intrigue aussi et surtout dans ses effets de manche. On n’oubliera, ainsi, aucun cliché pour assurer un minimum le spectacle (pentagrammes, dislocations corporelles, vieux grimoires, crucifix, hurlements de démons en rut et flammes de l’enfer), à l’instar de ce petit malin de Cotton lors de son exorcisme truqué et réjouissant, plus proche d’un show à Las Vegas que d’une véritable cérémonie purificatrice.
Mais le film fonctionne plutôt bien, parvenant à créer un bon crescendo dans l’angoisse (relative) et les révélations jusqu’au climax final et infernal assez réussi, mais trop court. Il reste, cependant, toujours ce problème de la représentativité et de la crédibilité inhérent à ce genre particulier (et à son dispositif technique), soit filmer à tout prix un événement dangereux, terrifiant, plutôt que de penser à sauver sa peau, à fuir comme tout être normalement constitué. Question : la fibre journalistique est-elle soluble dans l’instinct de survie ?
C’est là la limite de ce Dernier exorcisme, cet aspect du "réel" (soi-disant) qui n’est pas tenu sur la distance et se heurte, trop souvent, à une écriture un rien cinématographique (musique rajoutée, plusieurs angles de vue dans une même scène, sans parler de ce passage ridicule où la jeune possédée se balade la nuit avec la caméra et s’en sert pour étriper un chat…). Décevant mais plaisant, Le dernier exorcisme garantit quelques moments forts et troublants, mais sans rien offrir de plus sous le soleil (de Satan).