Pour ceux qui connaissent New York (et s’en émerveillent sans cesse), les vues superbes de cette ville hors norme, hors du monde, servant d’entre-deux scènes à chaque épisode, sont un vrai plaisir des yeux et une invitation à y repartir presque immédiatement. En étant volontiers (et facilement) moqueur, on pourrait dire que c’est bien là le seul intérêt de Dirty sexy money. Les premiers épisodes savent pourtant surprendre, en partie grâce à la découverte de cet univers fastueux et décadent (l’argent appelant à la débauche), puis tout s’essouffle très rapidement, se diluant dans des intrigues sans épaisseur, peu captivantes et ressassées. Histoires inamovibles de meurtres, d’entourloupes financières, de pouvoir et d’amour dans tous ses états (et ses genres) où il n’est question que de vérités et de secrets à révéler, à taire ou à s’accommoder.
Les personnages, certes, sont hauts en couleurs, mais manquent de beaucoup de relief et de densité, envisagés uniquement comme des stéréotypes, des marionnettes servant à illustrer sans éclat ces chroniques ennuyeuses aux airs déjà vus d’un Dynastie trash ou d’un Dallas modernisé. Avec, tout de même, un net détachement pour Tripp Darling (Donald Sutherland, vieux lion majestueux), Patrick Darling et sa maîtresse transsexuelle, et Karen Darling, collectionneuse de divorces en plus d’être une belle garce dans la pure tradition du soap.
Mais la grande déception de Dirty sexy money vient essentiellement de Peter Krause, ex Six feet under. Si Michael C. Hall a su réussir sa reconversion télévisuelle (Dexter), Krause, lui, n’a hérité (choisi ?) que d’un rôle peu saisissant (The lost room) ou, ici, inconsistant en comparaison des autres. Ce n’est pas son jeu d’acteur qui est remis en cause, mais celui-ci n’est pas correctement exploité, comme étouffé dans l’ambiance générale ; Nick Georges ne méritait pas Krause, c’est là un rôle transparent, passif, trop fade dans ce monde clinquant et qui ne convient pas à son talent. Dirty ? Pas vraiment. Sexy ? Encore moins. Money ? C’est le seul élément vérifiable à l’écran, mais pas le plus passionnant ni le plus pertinent. Série plutôt décevante donc, en attendant de découvrir son équivalent teenage très prochainement abordé sur Seuil critique(s) : Gossip girl.