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Le discours d'un roi

Le roi George VI du Royaume-Uni : un peu de sa vie, un peu de son œuvre, et beaucoup de son bégaiement. Hagiographie annoncée droit devant, carrée et sans rien qui dépasse, faite pour les cérémonies à smokings, à robes de soirée et à moult récompenses (7 nominations aux Golden Globes, 12 aux Oscars, et d’autres encore aux Critics’ Choice Movie Awards, aux Los Angeles Film Critics Association, aux San Francisco Film Critics Circle, etc., etc.). Le discours d’un roi fait surtout la part belle aux acteurs, son manque de réelles ambitions étant compensé par un humour so british et une interprétation haut de gamme avec tout le gratin anglais réuni pour l’occasion (et puis ça fait du bien de voir Helena Bonham Carter dans un rôle "normal" où elle n’a pas à jouer, pour la énième fois, une hystérique psychotique qui roule des yeux).

Colin Firth et Geoffrey Rush sont évidemment les pièces maîtresses du film, pièces ouvertes à tous les superlatifs possibles et imaginables ; de fait, ce qui passionne le plus au cœur de cet ensemble mollasson (mais pas complètement ennuyeux) sont les scènes entre le futur roi et son orthophoniste déluré. Échanges corsés ou plus intimes, piques drolatiques, virelangues, bons mots et gros mots, c’est là que réside la force tranquille du film qui se concentre sur ces deux hommes attachants, blessés chacun différemment (l’un par son handicap, l’autre par sa vocation d’acteur ratée), et leur relation complexe, amicale, houleuse parfois, Tom Hooper et son scénariste privilégiant d’abord les rapports humains aux soubresauts de l’Histoire (à peine esquissée, tronquée en quelques plans généraux et quelques images d’Hitler).

Hooper mène paisiblement sa barque sans créer de vagues, soignant ses plans et son allure avec l’art de bien vouloir faire, et ce jusqu’au climax final (le discours tant attendu) sur fond de Beethoven affreusement ralenti ; bon, elle est superbe la 7e, là n’est pas la question, mais il me semble que le répertoire classique regorge d'innombrables joyaux autres que celui-ci, déjà entendu des centaines de fois ici et ailleurs (IrréversibleThe fall, Prédictions…). Deux regards magnifiques viennent clore cette œuvre un peu trop propre sur elle, celui de George face à son peuple et celui de Lionel derrière observant George, regards conquérants, enfin portés, fiers, s’imposant en silence, sans plus de jurons déclamés ni de paroles empêchées. Un film raffiné, joliment académique et pépère, à regarder emmitouflé(e) dans un plaid écossais, des charentaises aux pieds et une verveine à la main, et qui eût plus plu qu'il n'eût plu s’il se fût moins abstenu et fût moins convenu.


Tom Hooper sur SEUIL CRITIQUE(S) : Danish girl.

Le discours d'un roi
Tag(s) : #Films

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