La dimension symbolique, la constatation sociale, presque trop simpliste, du scénario de District 9 (du moins dans sa première demi-heure), font pleinement écho aux soubresauts de notre actualité au fil du temps, des pays et des gouvernements (apartheid, ségrégation, haine, réfugiés et clandestins…). Cette évocation des travers moraux et politiques de notre humanité, endurés à leur tour par des extraterrestres cherchant asile et soutien sur Terre, se voit progressivement phagocytée par une intrigue de série B peu convaincante (récupérer un truc A pour faire partir le truc B avec plein de méchants C aux trousses) proposant néanmoins un spectacle visuel chaotique et étonnant.
La lenteur de l’exposition (fausses interviews et faux documentaire, scènes d’expulsions n’en finissant plus) qui, avec un quart d’heure de moins, aurait gagné en concision et en efficacité, permet cependant à Neill Blomkamp d’imposer un style de mise en scène fiévreux, sec et tendu, tout en rassasiant le cinéphile attentif par un sympathique (mais anecdotique) mélange des genres et des références (La mouche, V, La guerre des mondes, Independence day, Transformers, Aliens, Troupe d’élite…). Il est pourtant regrettable qu’un tel souci de réalisme, affiché dans sa forme et ses intentions, soit mis à mal par des flottements et des raccourcis scénaristiques (on entre, sort, s’échappe ou s’infiltre du siège de la Multi-National United aussi facilement que d’un moulin ouvert à tous les vents) qui engagent à peu d’indulgence au vu de l’ampleur et des perspectives d’un tel projet.
La dernière partie du film, guérilla urbaine pétaradante, si elle n’a plus grand-chose à voir avec le côté concret, réceptif des événements du monde (voire de l’Histoire) de la première partie, offre son lot d’adrénaline et de scènes spectaculaires où le talent de Blomkamp, évident dans sa façon de créer des images de pur cinéma, l’emporte finalement sur ce goût d’inachevé que laisse cette œuvre soi-disant novatrice et intelligente (en attendant la suite inévitable, éventuellement plus aboutie). C’est distrayant, prometteur sans être transcendant ni, encore moins, le choc cinématographique annoncé en dépit d’un buzz savamment entretenu des mois durant.