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Good morning England

Sexe, love et rock’n’roll, voilà le programme fièrement affiché, et suivi à la lettre jusqu’au fond des draps et des oreilles, de Good morning England (on préférera le titre original, The boat that rocked). 1966. Sur une vieille coque de noix rouillée métamorphosée en lupanar flottant, les esprits s’échauffent, se rebellent par hédonisme et se libèrent par la musique ; liberté sexuelle bien sûr, mais également d’opinion ou de langage (pouvoir dire "Fuck!" en toute simplicité). Avant Woodstock, quelques allumés libidineux refaisaient déjà le monde sur un bateau paumé en mer du Nord, réveillant les consciences (et les humeurs) à coups de Rolling Stones ou de Van Morrison. Un contre-pouvoir par les ondes ? Une anarchie par le rock et la pop ? L’idée est évidemment alléchante, mais le demeure simplement sur le papier et dans ses intentions parce que peu effective à l’écran, peu mise en relief ou réellement traitée de façon nécessaire, foutraque.

Il manque au film un grain de fantaisie (de petite folie, qui bouleverse, qui renverse…), ébranlant ses dispositions un tantinet mainstream, ses grandes largeurs trop mesurées ; ce qui fait défaut ici, c’est un puissant riff électrique qui viendrait hérisser le poil jusqu’aux extrémités des cheveux, redescendrait aux tripes puis remonterait à nouveau jusqu’au cortex. Good morning England s’achève, dès lors, en gentil bordel gentiment désobéissant qu’aucune passion ne vient déchaîner, que rien ne fait totalement chavirer (le comble pour un film se terminant par un naufrage), bander, transpirer ou jouir à l’unisson.

Du côté de la bande originale, c’est en revanche un vrai bonheur, de l’or en décibels, des pépites à foison ; toute la crème anglaise (mais pas que) des sixties est au rendez-vous, The Kinks, Leonard Cohen, The Who, Donovan, The Box Tops, et bien d’autres encore plus souvent méconnus que les illustres standards obligés (ressassés ?). L’interprétation est elle aussi au poil (pubien, entend-t-on encore résonner), goulue et savoureuse, Rhys Ifans en obsédé sexuel du micro, Bill Nighy en dandy imperturbable, Kenneth Branagh en ministre coincé, raide comme une trique, et tout le reste aussi d’une joyeuse bande d’acteurs s’amusant à l’envi. Forcément, un agréable moment de bonne humeur facétieuse où ça chahute et s’emballe, picole et s’envoie en l’air, mais laissant le spectateur sur sa faim, oublié sur un quai avec la queue (molle) entre les jambes.

Good morning England
Tag(s) : #Films

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