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Hadewijch

Mon Dieu, quel calvaire (pas la colline près de Jérusalem, mais le supplice infligé par ce pensum ridicule). Ce récit d’une jeune dévote cherchant l’amour du Christ et l’incarnation de Dieu est aussi désespérément creux qu’un bénitier de Notre-Dame un jour d’Annonciation. Dumont s’empêtre les missels dans une homélie absconse sur la foi, confondant possible transcendance avec vision réductrice du sacré. Entre deux soupirs d'ennui, trois d'agacement et plusieurs bâillements (le film dure 1h45 mais paraît s’éterniser une éternité, c’est dire), on peut admirer le sens du cadre de Dumont, toujours aussi impressionnant, et la belle photographie diaphane d’Yves Cape.

Mais rien ne vient sauver, en revanche, le jeu calamiteux des acteurs (Karl Sarafidis a du mal à réciter son texte, Yassine Salim est toujours sur le point d’éclater de rire). D’ailleurs on ne parle même plus de jeu ici, mais de mascarade, et c’est d’autant plus surprenant quand on sait ce que Dumont a réussi à extirper de ses comédiens non professionnels dans ses précédents films. Quant à Julie Sokolowski, au visage de petite Madone extatique, Dumont lui a juste prié, quand elle ne se prend pas un éclairage de dix millions de watts dans la gueule pour exprimer l’illumination divine, de se taire (ou de psalmodier quelques litanies) et de regarder en l'air ("Parce que tu vois ma chérie, tu cherches le Christ, tu cherches l'amour de Dieu, tu vois, et c'est super fort, c’est super engagé comme métaphore").

Et rien ne vient sauver, non plus, les dialogues navrants de médiocrité qui enfilent les réflexions théologiques de bazar comme autant de perles à un chapelet, ni les raccourcis scénaristiques (on rétorquera que les ellipses sont belles et foudroyantes, on préférera parler de facilité malheureuse), ni les situations improbables (il est apparemment très simple, de nos jours, de s’enrôler chez les fanatiques islamistes et d’aller poser des bombes dans le métro) ou misérablement caricaturales (les parents de Céline). Seuls les premiers et derniers quarts d'heure sont dignes d'intérêt, sobres et puissants, retrouvant la belle austérité naturaliste de Dumont à tous points de vue. Pour le reste, c’est un naufrage total qui nous fait nous demander avec quels démons de l’enfer Dumont a pactisé pour accoucher d’un film aussi aberrant et détestable.


Brunot Dumont sur SEUIL CRITIQUE(S) : Hors SatanCamille Claudel 1915, Ma Loute, France.

Hadewijch
Tag(s) : #Films

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