Quoi de neuf sous le ciel trop gris de Poudlard ? Pas grand-chose cette fois-ci, et ce qu’il y a même de tristement ironique dans ce nouvel épisode cinématographique du sorcier à lunettes, c’est que David Yates avait plutôt bien réussi l’adaptation de L’Ordre du Phénix, pourtant le tome le moins "passionnant" de la saga (plus transitif et plus introspectif que les autres), mais échoue largement celle du Prince de sang-mêlé alors que le roman foisonne de situations et d’événements haletants.
La faute à Steve Kloves (scénariste des quatre premiers épisodes) qui réduit ici l’intrigue aventureuse de J. K. Rowling à des amourettes de sitcom (c’est Hélène et les garçons chez Dumbledore), avec tous les questionnements et tâtonnements stériles (car très mal écrits et très mal joués) qu’admet ce genre de sujet, passant, de fait, à côté des enjeux essentiels du livre, à savoir les révélations sur les Horcruxes et la jeunesse tourmentée de Voldemort, avec seulement une scène pour le premier (celle, très belle, et la meilleure de tout le film, du lac souterrain) et deux scènes pour le deuxième.
Le film est d’une lassitude marquée, sans entrain, sans vigueur, se traînant sur plus de deux heures tel un vieil hippogriffe souffreteux. On admire tout de même la belle ouvrage pour passer le temps (décors et photographie magnifiques), en attendant avec impatience le final apocalyptique promit par le roman, soit la bataille féroce à Poudlard entre Mangemorts, élèves et professeurs, sans doute l’une des scènes les plus fortes et les plus spectaculaires de la franchise.
Pas de chance, la scène a été radicalement sacrifiée pour d’inexplicables raisons (absence de temps, d’argent, d’ambition ?). On s’ennuie pendant longtemps, espérant vibrer lors des ultimes minutes et du combat dantesque tant désiré mais qui, in fine, ne vient pas et ne viendra jamais. Quelle frustration alors, quelle déception, quelle amertume grandiose ! Même la mise à mort de Dumbledore manque de puissance visuelle et d’intensité émotionnelle, achevant de crédibiliser l’intérêt relatif du film, enluminure inspirée mais vide de substance et de rythme, farandole niaise et interminable de chassés-croisés sentimentaux aussi insipides qu’une bière-au-beurre frelatée.
Harry Potter sur SEUIL CRITIQUE(S) : L'Ordre du Phénix, Les reliques de la mort - Partie 1, Les reliques de la mort - Partie 2.