American pie + Little miss sunshine + Intouchables x (version potjevleesch au carrée) = un tétraplégique + un aveugle + un cancéreux en fauteuil roulant, puceaux en rut de corps et d’esprit, et bien décidés à perdre leur virginité dans un bordel spécialisé en Espagne sans vraiment s’embarrasser des bonnes manières et du respect de la Femme (jouir, des nichons, baiser et encore des nichons). C’est donc parti pour un road trip dans les règles de l’art à bord d’un van pourri où l’on écoute du Joe Dassin à fond les oreilles ("Et si tu n’exiiistais paaas…"), digresse sur le sens de la vie et casse du sucre sur le dos de Ryanair, plutôt pas gentil du tout avec les-zandicapés.
Pas de longs et pas de beaux discours ; aucun apitoiement, aucune limite, le film s’en fout pas mal et préfère davantage suivre, en mode carpe diem, cette drôle d’odyssée bringuebalante qui ne prend pas trop de pincettes avec le politiquement correct. Les trois compères ne se font pas de cadeaux (ni avec personne d’autre d’ailleurs), chacun avec ses raisons, chacun avec ses envies et chacun avec ses doutes. Parfois égoïstes, parfois gamins, parfois attachants, toujours drôles et sans complexe, Lars, Phillip et Jozef, emmenés par l’impayable Claude, matrone au grand cœur (à prendre), se paient du bon temps sur les routes de France et de la bonne bibine dans les vignobles bordelais avant de passer aux choses sérieuses (et puis le temps est compté, alors il faut faire vite).
C’est léger, sans prétention et fort avenant, et même assez émouvant, voire assez triste par moments (la scène où Lars et Phillip concrétisent enfin leur "rêve" charnel a quelque chose de pathétique, de fatidique aussi, comme si le fait d’avoir enfin atteint leur but marquait la fin de tout). Une mise en scène quelconque, quelques longueurs et quelques scènes inutiles également (les parents qui parviennent à retrouver le groupe à mi-parcours) écornent à peine le gros capital sympathie du film de Geoffrey Enthoven. Et puis le joli quatuor d’acteurs, qui s’amusent comme des fous avec une complicité et une alchimie évidentes, donne sacrément la pêche. Un film plein de malice et de bonne humeur, à défaut d'être grand.