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Les invincibles

Adaptée d’une série québécoise de 2005, Les invincibles version française est un grand petit plaisir sans prétention, sorte de Friends à la sauce Les 4 pas vraiment fantastiques ou d’un Sex and the city à la bière avec du poil sous les bras et sur les fesses. Coincée entre les séries ringardes de TF1 (Joséphine, ange gardien, Sœur Thérèse.com…), la mainmise américaine sur M6 (hormis Les bleus) et la tendance noire glauque de Canal (Braquo, Pigalle la nuit, Maison close…), cette nouvelle série initiée par Arte est tel un concours de Teq paf au cœur d’un gotha télévisuel français drogué au Champomy.

Les invincibles, ce sont quatre losers drôles et magnifiques qui décident, du jour au lendemain, de ne plus se compliquer l’existence, la tête et la queue. En signant une espèce de pacte tout sauf sérieux (larguer les copines, faire la bringue, ne pas avoir une relation de plus de sept jours…), les amis pour la vie cherchent d’abord à : a) Fuir un quotidien peut-être trop normé. b) Ne pas accepter un âge adulte où surnagent grosses incertitudes et énormes remises en question. c) S'amuser sans avoir à assumer aucune responsabilité (toutes ressemblances avec un certain rédacteur de blog seraient purement fortuites).

Un peu beaucoup blaireaux sur les bords, F.X., Hassan, Mano et Vince vont rapidement réaliser que leurs petits arrangements (avec les vivants) n’apporteront ni calme ni luxe ni volupté escomptés ; au contraire, c’est plutôt le début des problèmes et d’une amitié soudain mise à rude épreuve, s’empêtrant alors dans un bazar pas toujours joli joli (d’où le côté forcément jouissif de l’affaire). D’une mauvaise foi insensée (les interviews, venant généralement contredire les scènes "réelles", sont savoureuses dans cet écart entre vérités du pacte et mensonges dans ses applications), immature, pathétique mais super-attachant, le quatuor infernal traverse ainsi les aléas de la trentaine en se tirant lui-même une balle dans le pied.

Rythmée mais sans réelles prises de risques (c’est quand même assez conventionnel tout en restant gentiment rock’n’roll), la série bénéficie avant tout de dialogues enlevés, d’acteurs s’amusant comme des fous et de seconds rôles succulents, dont Marie-Ève Perron, carrément géniale en mégère insupportable (et pas du tout apprivoisée), et Jackie Berroyer qui, pratiquement sans rien déclamer, arrive à faire rire avec un air abattu et résigné du plus bel effet, toujours à vouloir dire mais toujours empêché par une femme plus harpie que douce épouse.

À part le final un peu gnangnan (sur fond de Robbie Williams, quelle idée…) et les intermèdes en BD pas toujours pertinents (voire carrément inutiles), Les invincibles carbure sans faiblir à la bonne humeur et aux gamineries chroniques, mettant en pratique instantanée ces quelques paroles, fameuses, du grand Charles A. : "Mes amis étaient plein d'insouciance, mes amours avaient le corps brûlant, mes emmerdes, aujourd'hui quand j'y pense, avaient peu d'importance et c'était le bon temps". Dont acte.

Les invincibles
Tag(s) : #Séries

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