Mercredi 22 juillet 2009. Le soleil brille, les oiseaux chantent, les arbres rutilent, il est 12h06 à Paris, 11h06 à Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch (Pays de Galles), et la sentence tombe soudain comme un couperet de garçon boucher ambidextre. Un fan d’Harry Potter, dans toute sa puissance vengeresse contre la méchante critique du Prince de sang-mêlé de mymp*, révèle enfin la vérité au grand jour dans un commentaire rageur et lyrique qui fait sens (et retranscris tel quel pour la beauté du geste) : "Comment tu fais pour etre lu toi ? je comprnd ri1 a cke ta écri mais c sur ke hp6 c le milleur film du mond et ke toi ta ri1 compri (…) Franchement, c'est pas dur d'écrire comme toi. Je peux le faire aussi mais c'est une perte de temps".
C’est le début alors d’une irrémédiable déchéance. Mymp, blessé dans sa chair profonde et alcoolisée, a dû mal à faire fi de ce terrible camouflet, lui, l’as de l’oxymore, l’étalon de la litote, le chantre de l’anacoluthe. Abandonné (lâchement) par ses fans et par Goldorak, son cochon d’Inde trilingue, il sombre dans l’enfer de la drogue (car c’est là, voyez-vous, l’apanage des artistes maudits) et la spirale des boîtes échangistes dans lesquelles il s’oublie sans faillir ("Les grosses gourmandes" à Cugny-les-Crouttes, "Les balançoires" à Montcuq).
Lundi 5 octobre 2009. Seuil critique(s) a deux ans, déjà, et c’est vraiment formidable, et c’est la fête (ce soir à 23h chez Régine) et c’est juste énorme. Mymp va mieux semble-t-il, bourré d’anxiolytiques de Colombie, et du fond de sa cellule capitonnée, se rappelle cette deuxième année passée entre rencontres et découvertes blogguesques (quelques privilégiés ont pu l’apercevoir, voire même, pour certains, l’approcher, le toucher et lui parler), échanges radieux, débats enflammés (Slumdog millionaire, Gran Torino, How I met your mother…) et intronisation officielle au très parisien Club 300 (qu’il prit d’abord pour un établissement privé branché lavements et coloscopies).
Hagard et passablement déshydraté, et plutôt que de platement remercier tout le monde (chacun se reconnaîtra de toute façon parmi les inconditionnels purs et durs, les habitués, les ponctuels, les petits nouveaux, les par hasard, les "Ah mais non, j’ai cliqué trop vite, je voulais aller sur Cahier critique en fait", etc.), il fit un rêve… Style genre dans 50 ans, dans la chambre aseptisée de sa maison de retraite hype sur les hauteurs de Cannes (qui n’existerait plus, rayée de la carte par la montée des eaux, le festival ayant lieu désormais à Bergues), il écrirait encore pour son blog, Seuil carrément critique(s), des articles avec, toujours, des mots superfétatoires et des tournures de phrases alambiquées, en pestant pour la énième fois contre cette foutue interface allocinéenne (404 : blog introuvable, trois plombes pour accéder à sa page administration, à un profil, à un blog, code HTML n’en faisant qu’à sa tête…) qui n’aurait pas évolué d’un iota depuis 2009.
Il continuera à radoter contre How I met your mother et défendra toujours Irréversible. Il aura sans doute écrit ses mémoires (un PowerPoint de deux pages), rétablit la paix dans l’univers et la voie lactée, découvert où est enterré Michael Jackson et, pour trois millions de dollars, révélé au monde entier l’origine secrète du patronyme de Docteur Zélie et Mister Grenouille (qu’apparemment il était le seul à connaître). En tout cas, il continuera, du mieux qu’il peut et comme il peut et quand il peut, à écrire pââââssionnément sur le cinéma pour ceux qui, bien sûr, arrivent encore à comprendre quelque chose à sa prose enjôleuse.
* Pour ceux qui se demanderaient encore comment on prononce mymp, c’est comme pimp en anglais, sauf que ça commence par un m et que l’intéressé n’a VRAIMENT rien à voir avec le proxénétisme.