L’un des (quelques) atouts de L’arnacœur est de remettre au goût du jour The time of my life, le tube moultement célèbre du non moins célèbre Dirty dancing. Et rien que pour admirer Vanessa Paradis et Romain Duris rejouant, de façon honorable, la scène de danse finale entre Jennifer Grey et Patrick Swayze, L’arnacœur vaut bien un peu de son temps si l’on consent à certaines dispositions (d’ailleurs c’est malin, j’écoute la B.O. de Dirty dancing en boucle pour écrire ces modestes lignes, ça me remember trop grave des souvenirs d’ado boutonneux et relou, "Huuunnngry eyes, one look at you and I can’t disguise I’ve got huuunnngry eyes…").
L’autre point fort du film est son adorable quartet d’acteurs (sans oublier Hélène Noguerra, parfaite en ultra vamp godiche), Julie Ferrier et François Damiens en particulier qui voleraient presque, les méchants, la vedette aux deux têtes d’affiche. Duris, lui, se donne à fond comme jamais, galope, saute, danse, se pique d’acrobaties et de déhanchements lascifs, le poil brillant et la chemise ouverte. Paradis est belle et bien et belle encore, dommage qu’elle soit trop maquillée avec un visage inexpressif comme pris dans de la cire d’abeille ou continuellement filmé derrière une sorte de filtre diffus de chez Photoshop.
Tout cela reste honorable sans être inoubliable, le rythme est inégal, la mise en scène transparente, le film patine dans son dernier quart d’heure et le happy end inévitable a quelque chose qui sonne creux. Dommage, le côté plus sensible, plus réfléchi de la fin aurait apporté, s’il avait été maintenu jusque dans ses dernières minutes, une belle émotion en demi-teinte et un discours pas si futile que ça sur l’amuuur, ses concessions, son gros bordel et sa fantaisie. En même temps, vu l’état actuel plus que lamentable des comédies françaises, L’arnacœur se pose là sans problème à un niveau largement au-dessus de la mégatonne d’immondices de ces dernières années (mais on est loin, encore, des fleurons de la comédie romantique américaine) avec des comiques de la télé et du spectacle comme soi-disant "amuseurs professionnels".
Charmant divertissement sans (aucune) prétention bénéficiant de plusieurs répliques bien senties et de gags bien placés (Julie Ferrier changeant constamment de couverture), L’arnacœur manque pourtant de corps et d’impertinence malgré son envie, son désir de plaire absolument. Et puis un film qui reconsidère à sa juste valeur le Wake me up before you go-go de Wham (la scène dans la voiture est savoureuse) a forcément un bon fond, non ?