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Mafiosa

Un parrain de la mafia corse tombe sous les balles. Il lègue, contre toute attente, les rennes de son empire à sa nièce, Sandra Paoli, jeune avocate véreuse et ambitieuse. Dès lors, celle-ci va devoir affronter les a priori inévitables et les intimidations successives pour affirmer, à un milieu particulièrement machiste, qu’elle a bien la carrure pour diriger tout un clan. Le concept de base est plutôt original (Les Sopranos en Corse), et davantage encore avec une figure féminine à la proue d’un tel univers, mais l’ensemble, souvent trop écrit dans ses dialogues, donne beaucoup plus l’impression d’une demi-déception qu’une réussite totalement aboutie.

Louis Choquette, dans la saison 1, "auteurise" sa mise en scène en permanence (décadrages jusqu’à la nausée, flous artistiques chichiteux) pour, sans doute, suggérer la force d'une tragédie classique, la théâtralité d'actes terribles montrés comme des mises à mort antiques. Certains plans sont magnifiques, mais impossible d'y constater la corrélation justifiée entre une mise en forme ampoulée et des histoires sans allant ni surprise. Avec un minimum d’effets, Les Sopranos atteignaient à une épure remarquable ; ici, tout fait prétentieux, presque hors propos.

C’est Éric Rochant qui s’attelle aux saisons 2 et 3, et s’il tient à s’éloigner du style ampoulé de Choquette, sa réalisation manque singulièrement de rythme et de souffle, proche toujours d’un feuilleton insipide sans aucune ambition esthétique. De plus, et c’est valable pour toutes les saisons (la 4 sera reprise par Pierre Leccia), la plupart des acteurs sont très mauvais, dans l’outrance ou le poncif continuels (seul Thierry Neuvic parvient à enflammer son personnage). Aucun juste milieu, toujours trop d’emphase, toujours dans le cliché général du gangster couillu et sans pitié. Quant à Hélène Filières, elle surjoue les panthères glacées dès qu’un mâle pointe le bout de son nez et crispe son sourire et son phrasé avec une constance désespérément ennuyeuse.

Quelques scènes très réussies, parfois d'intenses situations, des images fortes, de beaux décors et une belle lumière, soit, mais ces quelques atouts sont largement phagocytés par une arrogance toute française (David Nolande, L'hôpital, RIS Police Scientifique, La Crim’…), arrogance à vouloir absolument copier et surpasser les américains, quand même les meilleurs en termes de création télévisuelle.

Mafiosa
Tag(s) : #Séries

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