Ça n’a évidemment pas l’aspect crapoteux de l’original réalisé par William Lustig en 1980, et Elijah Wood n’a absolument rien du flippant et de l’inoubliable Joe Spinell, alors quel peut être l’intérêt de cette version 2012 ? C’est simple : aucun. Wood s’en sort plutôt bien, admettons-le, et si Franck Khalfoun a tenu à s’éloigner de l’ambiance crasseuse du New York des années 80 (pour un Los Angeles fantomatique, mais jamais inquiétant) et de la carrure massive de Spinell, offrant au tueur Frank Zito un physique plus vulnérable et plus chétif, on n’est jamais effrayé ni impressionné par l’interprétation de Wood, très loin de la terreur que pouvait inspirer Spinell et son regard de fou furieux. Plusieurs scènes bien crades font leur effet, mais c’est tout juste si on frémit, tout juste si on ferme les yeux et si on mouille son siège.
Un peu marre d’ailleurs de cette vague incessante de remakes de grands classiques de l’horreur dont Marcus Nispel et Alexandre Aja (producteur et scénariste de ce Maniac-là. Qu’il est loin le temps de Haute tension…) sont devenus un peu les chantres, les fossoyeurs en chef. On citera à la pelle La colline a des yeux, Piranha 3D, Massacre à la tronçonneuse, Vendredi 13, Evil dead prochainement, I spit on your grave, The thing, La dernière maison sur la gauche, etc., toutes ces contrefaçons, toutes ces démarques qui semblent confirmer le manque de créativité et d’originalité des productions d’aujourd’hui, désespérément braquées vers le passé (en même temps, quand on voit Hostel, Saw, Insidious, Paranormal activity et Cie, y’a de quoi regretter les coupes brushing et les épaulettes).
Il est à craindre ce jour funeste où Aja, Nispel et tutti quanti, ayant épuisé le filon des classiques de l’horreur des années 70 et 80, s’en prendront alors à ceux des années 90 (Brain dead, Blair witch, Le silence des agneaux, Se7en…) pour en faire des trucs insignifiants qui, à l’image de ce Maniac à peine honorable (rythme bancal, ennui stagnant, facilités de scénario…), auront tout perdu de la peur primale qu’ils suscitaient et qu’ils ont su graver, durablement, dans nos esprits et nos cœurs échevelés.
Tout n’est pas à jeter ici, de quelques références plaisantes (Le cabinet du docteur Caligari, Le silence des agneaux, l’affiche originale de Maniac évoquée au détour d’une scène, ou même une B.O. électro 80’s très Drive composée par Rob, comparse occasionnel de Phoenix ou Sébastien Tellier) à une mise en scène qui s’essaie à la caméra subjective en quasi continu (Enter the void mon amour), en passant par un final jouissif qui réveille un peu, mais trop tard, nos pupilles ivres de bouillons de sang, de têtes coupées et de viscères palpitantes.