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Orange mécanique

Films et scandales 6/7 - 1971 [Critique rédigée par MG]


L'heure est grave. Me voilà embarqué dans un cycle chez mon ami mymp qui, n’ayant peur de rien, me confie la critique d’Orange mécanique, film culte et pratiquement intouchable. Moi, Mister Grenouille, j’ai accepté d’écrire cette critique ; elle était normalement prévue pour le blog que je partage avec Docteur Zélie, mais sans cesse repoussée... Et, après avoir vu Orange mécanique trois fois, je ne sais toujours pas par quel bout commencer cet article. Je présente par avance mes excuses à ceux que ma critique va décevoir, à ceux que ma critique va choquer, que dis-je, outrer, et aux autres qui s’en foutent royalement. Un peu de couilles, un peu de plume, et pour les arguments, on repassera.

Pour faire fort dès le départ, et sans provocation aucune, Orange mécanique n’est pas, pour moi, un chef-d’œuvre du septième art. Il ne fait pas parti de mes films cultes (étant une adaptation, c’est plutôt le roman d’Anthony Burgess qui devrait être considéré comme vraiment culte), de mes références cinématographiques, je ne le possède pas en DVD, je n’ai pas d’affiche chez moi. Orange mécanique ne fait pas partie de mon top, de mon panthéon et de ma galaxie pour la simple et bonne raison que je me suis littéralement emmerdé devant ce film (dommage pour une œuvre si "provocante et scandaleuse"), aussi bien la première que la deuxième et la troisième fois.

Impassible dans mon canapé, j’ai contemplé Alex et sa banda de droogs chahuter dans les rues anglaises, frapper un ded et violer des devotchkas dès la notché tombée. Kubrick étale cette folie comme un propos nécessaire à son film : une bande de killers propres sur eux et bien éduqués, surexcités par le sexe et la violence, détruit tout ce qu’elle trouve sur son passage, juste pour le plaisir. Et l’œil bleu de Malcolm McDowell avec ces faux cils, gravé pour toujours dans l’histoire du cinéma, n’aura jamais autant véhiculé de folie et de haine jouissive.

Puis c’est l’internement, la torture médicale, la dictature en blouse blanche. Ce bratchni d’Alex DeLarge devient le cobaye d’une thérapie censée lutter contre la violence en lobotomisant simplement le sujet ; inhumanité contre inhumanité, qu’on le castre et qu’on lui rince donc le mozg ! Mais la réintégration est-elle possible pour ce violeur, ce monstre se passionnant pour Beethoven, souillant les corps et les âmes, saccageant des tchellovecks, des litsos à coups de schlaga et dungant sur la société au zvook d’un requiem fou ?

La réalisation de Kubrick annihile tout sentiment (qu’il soit bon ou mauvais), impose une situation initiale de manière dictatoriale qui, au final, écrase cette même situation, laissant couler l’histoire, sans intervention aucune, et magnifiant, par la lumière et la musique en décalage esthétique, les scènes de violence. Kubirck tente de s’interroger (et de nous faire nous interroger) sur la morale, l'éthique et notre société, mais on s'ennuie très vite puisqu'il semble apporter lui-même toutes les réponses à ces questionnements. De plus, Kubrick ne prend pas de recul avec son sujet, il choisit plutôt de filmer, avec une perversité complaisante, le défoulement de ces gaillards. Gros handicap : à aucun moment il est possible d’éprouver de la haine, de l’empathie ou de la pitié pour le personnage d'Alex, loin, tellement loin de nous.

Ne me demandez pas plus d'arguments ou d'exemples, je n'ai vraiment pas envie de me le retaper une quatrième fois… Comment expliquer qu’un tel film puisse me laisser indifférent ? Dur à expliquer ou à justifier, pourtant c’est bien de cela dont il s’agit et cela me désole terriblement (enfin au moins un peu). Je suis resté insensible à la mise en scène de Kubrick qui s’apparente à de la branlette de yarblokoss, inutile sur un propos aussi intelligent. Cela se veut esthétique, provoc', léché ; c'est un rien facile, déplacé et ringard car, et même si le propos reste d'actualité, le film, 40 ans plus tard, a pris un sacré coup de vieux.


P.S. : Non, vous n’êtes pas bezoumny, et si vous n’avez rien compris, c’est normal, quelques mots Nadsat sont venus se glisser dans cette terrine gloupide !


Stanley Kubrick sur SEUIL CRITIQUE(S) : 2001 : L'odyssée de l'epace.

Orange mécanique
Tag(s) : #Cycles

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