Découvert en 2005 grâce au poilant Shaun of the dead, parodie des films de zombies zigzaguant entre pochade cool et gore tous azimuts, puis après avec celle du buddy cop movie (Hot fuzz), le duo rigolo Simon Pegg et Nick Frost revient fourrer son nez de rosbif dans le film d’extraterrestres, tendance geek mania. C’est d’ailleurs là qu’est le vrai nerf de la guerre du film, une espèce de déclaration d’amour aux geeks et à la culture geek. Pas étonnant alors que le film débute au Comic-Con de San Diego, grand-messe incontournable pour les fans de bandes dessinées, de science-fiction et de super-héros.
Graeme et Clive, ados attardés en route vers la zone 51, rencontrent Paul, alien facile à vivre tentant d’échapper au gouvernement américain qui veut s’en débarrasser après 60 ans d’une fructueuse collaboration. Idée plutôt maligne : c’est Paul qui a inspiré toute la science, le savoir et les théories diverses autour des petits-gris, du cinéma (E.T., X-Files, c’est lui) au merchandising décliné sous toutes ses formes. Depuis 1947, Paul a eu le temps de se faire aux us et coutumes de la race humaine et en a pris les meilleures habitudes : kiffer Marvin Gaye, boire de la bière, roter, jurer et montrer ses fesses comme un d’jeun bourré en soirée.
C’est E.T. chez les nerds sans "Téléphone maison" ni doigt qui brille, mais ambiance plutôt fumette et tongs sur le tableau de bord. Le road movie de base dégénère rapidement en course-poursuite conjuguant situations délirantes et comique de répétition (Graeme et Clive pris pour un couple gay, les deux bouseux revanchards…) ; dommage en revanche que l’humour soit, parfois, ostensiblement orienté pipi caca et gros mots à la louche. Quant au petit Paul en personne, son interaction avec les vrais comédiens est impeccable et l’image de synthèse agréable (mais on aura le droit de la trouver trop lisse et d’avoir aussi une pensée émue pour les poils en acrylique de Alf ou pour la marionnette animatronique d’E.T.). On n’oubliera pas, quand même, de féliciter l’apatowien Seth Rogen (devenu hype depuis le Green hornet de Gondry) qui, pour la bonne cause, a décidé de faire don de ses cordes vocales.
Le scénario est prévisible (toujours, au moins, trois ou quatre scènes d’avance sur l’intrigue) et la fin se devine en deux millièmes de seconde. Les références pleuvent comme dans une chanson des Weather girls (God bless Mother Nature, she's a single woman too) avec, évidemment, les inévitables Star wars et Rencontres du troisième type (pratiquement un sous-entendu à la minute). Pas de message moralisateur ni d’ivresses cinématographiques, juste un moment de détente fun et de déconne light qui donnerait presque envie de revoir Le gendarme et les extraterrestres.