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Dog pound

Trois courtes et intenses scènes d’introduction (la première rappelle celle de Kids), trois personnages à la marge, adolescents délinquants (deal de stupéfiants, vol de voiture, violence sur officier) qui passent directement par la case "pénitencier pour mineurs". Fouille corporelle, présentation et règlement, puis Davis, Angel et Butch sont livrés à la fosse aux lions : viol, suicide, loi du silence, trafics et petits caïds qui semblent n’avoir peur de rien, n’avoir aucun respect pour qui que ce soit (et en ont-ils pour eux-mêmes ?).

Terrain connu et archi-balisé : Oz (la série référence) et beaucoup d’autres films ont déjà dépoussiéré, exploré et transcendé la thématique carcérale. On regarde Dog pound d’un œil pas vraiment surpris, on s’ennuie un peu au début, Kim Chapiron ne proposant rien de nouveau ni aucune profondeur à son sujet. Puis lentement, progressivement, la tension monte par à-coups (coups de poings, coups de sang) jusqu’à une séquence d’insurrection et d’émeute électrisante. Le film s’en tiendra là, s’arrêtera brusquement sur un cut, un souffle coupé, laissant le spectateur complètement à cran, cœur battant trop fort, envie de hurler ou de défoncer une porte.

Dog pound n’offre pas de réelle réflexion sociale, ne délivre aucun message moral. Chapiron a expliqué que son film ne tendait pas à apporter de solutions aux problèmes de la délinquance juvénile, tout en soutenant le fait que l’incarcération des jeunes ne pouvait qu’aggraver certaines circonstances et ne déboucher que sur un constat d’inutilité (la psychologue) ou d’échecs (le gardien qui commet l’irréparable). Dog pound réussit davantage à marquer, à s’imposer grâce à sa construction émotionnelle (du calme à l’explosion de violence) et son casting de durs, de voyous boutonneux (en partie non-professionnels).

Si tous apportent à leur rôle authenticité et présence physique, c’est surtout Adam Butcher qui impressionne le plus, bloc de haine et de rage, carrément génial, totalement flippant ; difficile même de discerner la part de vécu à celle d'interprétation qui, toutes les deux, semblent s’affronter dans ce jeu animal, instinctif. On sent chez lui, dans cet air buté et ce regard fou, comme illuminé (qu’il a été chercher où ?), que tout peut dégénérer en quelques secondes, lors d’une discussion, d’un jeu sportif ou d’une prise de tête. Chapiron s’en tient souvent à un aspect presque documentaire, à un témoignage "neutre", mais on pourra regretter que cette démonstration soit quelque peu archétypale, et regretter aussi ce manque de prise de risques, de vision plus personnelle quand, par exemple, Steve McQueen parvenait, dans Hunger (ou même Audiard dans Un prophète), à agir en artiste sensitif qui transfigurait son propos sans pour autant l’occulter ni le stigmatiser.

Dog pound
Tag(s) : #Films

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